Save Sayya

De Apocalypsis
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Sayyadina

Une Commandante entra dans la Taverne du Red Prolétarian, le pas pressé, elle semblait très préoccupée, inquiète, perturbée. Sayyadina avait durant ces quelques mois écoulés trop longtemps négligé ses relations amicales ou sexuelles. Elle s’en mordait les doigts mais il était trop tard, elle se dit après un moment de réflexion, face à sa bière naine préférée, qu’il fallait qu’elle se décide à être un petit peu plus sociable avec les personnes qui l’entouraient. Elle vivait depuis quelques temps dans un monde imaginaire, transporter sans cesse dans les souvenirs de Feu Sayyadina, elle abandonnait sa propre vie, sa propre personnalité. Elle était émerveillée par la vie trépidante de Feu Sayyadina, elle voulait en quelque sorte la faire ressurgir du néant, en se sacrifiant soit même pour arriver à ses fins.

Pour augmenter le nombre et surtout la durée de ses visions, elle prenait maintenant des neuro-toxines, elle qui était si radieuse il y a cela quelques semaines, avait vu son visage parfait emprunt de rides, ses yeux d’un bleus si surnaturellement purs, étaient désormais cachés par des lunettes car elle était sujette à la photophobie le halo bleutée qui la rendait si exceptionnelle avait disparue, un simple chapeau recouvrait sa chevelure bleutée…

Certains des Commandants présents avaient reconnu la fille amaigrie, triste et angoissée qui c’était accoudée au bar comme une vulgaire ouvrière et n’en revenait pas d’un tel changement. Qu’avez t-elle fait pour dépérir ainsi ? Malheur en amour ? Destruction de son modeste Empire ? Tout un tas de questions qui restaient sans réponse…

Soudain, elle posa ses lunettes et son chapeau, on pouvait s’apercevoir qu’elle pleurait, le visage crispée, sa bouche ne put sortir qu’un faible : Aidez………moi………

Puis, elle tomba inconscient, sa tête tomba lourdement sur un des tabourets, une petite marre de sang commençait à s’écouler de sa boit crânienne…

Avant de tomber dans l’inconscience, elle vu des Commandants s’agglutiner autour d’elle…



Solon

Solon entra, il avait fait une pose dans son travail quotidien, voyant le corps de la commandante, il fut pris d'effroi. Rapidement il appuya sur le boîtier de commandant de son croiseur amiral qui arriva en un éclair. Beaucoup de commandants avaient sortit la trousse de premiers secours pour tenter de soigner la belle Sayyadina. Puis en voyant que son croiseur amiral était arrivé il dit :

Al-Kashi, on va avoir besoin de toi !!!



Mata Hari

Mata Hari, prévenue de l'incident par les systèmes de télépathie de Red Tantra, s'empressa de rejoindre Sayyadina agonisante dans le croiseur de Solon -

Penchée sur le corps de sa soeur, elle cherchait à percevoir les flux d'énergie qui circulaient encore dans ses veines.

Cela faisait plusieurs semaines que Mata Hari était inquiète pour le destin de Sayyadina. Cette fleur bleue se fanait un peu plus chaque jour depuis le début de l'ère nouvelle.

Mata Hari soupconnait que le mal dont souffrait Sayyadina avait des origines pré-apocalyptiques.

Réincarnation de Feu Sayyadina, elle avait peut être hérité de modifications génétiques dues à l'empoisonnement à l'ultrémine perpétré par le commandant Vladok.

Elle portait sans doute également inscrit dans son âme la culpabilité de la Grande Trahison qui l'avait conduite à se contrire dans une attitude étrangement moraliste depuis le début de l'ère nouvelle.

Selon Mata Hari, il convenait de défaire Sayyadina de ce traumatisme pré-natal pour libérer sa conscience.

Sans perdre une minute, Mata Hari administra à Sayyadina une injection de liquide rouge tantra, à base d'essence de castor lapon, pour purger le corps de Sayyadina des dernières traces d'ultrémine. Une fois Sayyadina ramenée à la conscience grâce à un shoot d'adrénaline, Mata Hari enclencha une dernière fois le dangereux processus d'hypnose-exorcisme qu'elle avait découvert auprès des sorciers de Java des années lumières en arrière -



Vincenzo Rimi

Dans l'ombre de la pièce,Vincenzo regardait sayyadina.

Son ancêtre menait toujours ses combats,avec une certaine dose d'humour,rien ne pouvait l'arrêter.Quel mal assez puissant pouvait la rendre aussi vulnérable ?

Il avait remarqué une certaine nostalgie en elle,était ce son seul souci ?



Al-Kashi

« - Ah ! Vous arrivez enfin Maréchal ! Sayyadina est souffrante, mais toujours vivante. Elle a besoin de soins. - Que s'est-il passé ? - Evanouissement, vomissements, pertes de l'équilibre, de la vue ... - Très bien, il faut l'allonger sur la table... »

Ils installèrent la jolie jeune fille sur la table, et l'homme au turban sortit de son vêtement une boîte avec quelques seringues, les unes étaient rouges, les autres d'un violet explosif et lumineux...

Il prit la violette, puis la planta profondément dans l'épaule de Sayyadina, qui semblait ne rien sentir et qui chantait : « ... Ô mon beau Ptolémée, pourquoi tu veux pas me faire à manger, et pourquoi tu veux te marier avec Redsamouraï... ». Peu à peu, ses allucinations se calmaient, puis elle s'endormit.

Al-Kashi la prit dans ses bras, la portant jusqu'à son Croiseur, il réfléchissait déjà à ce qu'il allait lui administrer... Durant ses longues missions d'exploration post-apocalyptiques, il avait recensé quelques solutions hautement riches en molécules ayant la propriété de détruire l'ultrémine.


Il repartait, avec Sayyadina et Mata Hari venue l'aider. La laissant se reposer sur la planète «Bisou», les deux compèrent repartirent ensemble...


Mata Hari

Mata Hari et Al-Kashi s’étaient éclispés, laissant Médée et Solon veiller sur Sayyadina pendant que les incantations et cataplasmes commençaient à faire effet…

Sayyadina avait les yeux grands ouverts sur un monde qu’elle ne semblait pourtant pas voir. Elle était entrée dans une phase de delirium tremens aigue. Elle alternait entre des grandes phases d’immobilité rêveuse pendant lesquelles sont rythme cardiaque s’apaisait, puis son regard devenait noir et nostalgique, et commençait une phase d’agitation extrême où la peur paralysait son visage.

Mata Hari, dont le sang se glaçait à l’écoute des cris de sa sœur Sayyadina, proposa à Al-Kashi de se plonger dans les archives divines pour mieux comprendre le mal la rongeait.

Elle était persuadée que la solution ne se trouvait pas dans la nouvelle dimension galactique, mais qu’elle le trouverait dans les tréfonds de l’histoire des ancêtres, dont elle connaissait quelques bribes.

Elle savait que Feu Sayyadina avait été empoisonnée à l’ultrèmine, elle connaissait l’existence de la Grande trahison…or, elle ne pouvait expliquer pourquoi Sayyadina ne trouvait pas la paix alors que son ancêtre avait bénéficié du Pardon des Camarades de l’Armée des Sans-Terre, et était partie avec eux porter la révolution jusqu’à Egalité.

Pour ce faire, elle se rendit auprès de Dieu et lui présenta sa requête :


Oh Dieu, le très saint, le miséricordieux, l’omniscient !

Ma sœur, Sayyadina souffre d’un mal secret hérité, je le crois, des méandres de l’histoire galactique.

Dans votre grande bonté, me laisseriez vous consulter les archives divine afin de redonner un souffle à cette jeune beauté prise dans la tourmente de l’Histoire ?



Dieu

Dieu apparut alors. Il prit la parole de sa voix profonde, résonnante, et raisonnante.

"J'ai entendu votre prière. Les archives sont accessibles, et si elles permettent de mieux comprendre une âme que vous jugez en peine, c'est avec joie que nous les offrons à l'ensemble de la galaxie.

Que le vent de la galaxie vous soit favorable, commandants de tous horizons"

Dieu retourna alors sur son nuage, boire une boisson spirituelle tout en réfléchissant aux surprises qu'il préparait en secret pour l'Univers du futur, loin de toutes les préoccupations de cette galaxie...



Médée

Médée s'approcha de sa chère amie Sayyadina. Sa fièvre ne passait pas malgré tous les médicaments qui lui étaient administrés.

Puis elle prit Sayyadina par les épaules se mit à la secouer violement : tu ne partiras pas comme ça, les élèves de l'Ecole du Plaisir ont besoin de toi. Après l'avoir secouée, Médée se mit à la gifler... « Si par la médication tu ne reviens par nous je te ferai revenir par la force du plaisir. »

Médée prit son transmetteur audio : "Stein prépare moi mon attirail du plaisir." « Bien madame ! »


Médée prit le sayyadina entre ces bras et partis vers son bureau. Au centre de celui-ci se trouvait une grande table d'opération en acier. Des sangles de toutes tailles en couvraient la surface et elle était surplombée d'un bras hydraulique articulé, muni d'un ensemble complexe de lames, aiguilles, scies et foreuses. Médée nota qu'autour des pieds de la table boulonnés au sol, des éclaboussures de sang s'était accumulées? « Stein, qui était chargé du nettoyage ? Trouves le moi et prives le de plaisir pour une semaine !»


Bon ma chère Sayyadina, on va commencer. Elle prit son bras fit un garrot enfonça un tuyau relié à une poche de morphine rouge. Ensuite elle prit son autre bras, fis un autre garrot et relia la veine à un sac contenant un liquide rouge avec écrit dessus Plaisorium. Puis commença à la sangler pour éviter que dans les transes de sayyadina, les intraveineuses sautent.

Elle s'approcha du front en sueur de sayyadina et se mit à l'embrasser. « Je fais ça pour ton bien ma chérie ». Puis se mit à ouvrir les poches de liquide. Les produits s'introduisirent dans les tuyaux puis dans les veines de la patiente... Des convulsions commencèrent à prendre sayyadina. Médée murmura : "tiens bon, fait moi confiance."



Mata Hari

A cette heure tardive, Mata Hari était seule au chevet de Sayyadina.

Malgré quelques fugaces retours de lucidité, celle-ci était toujours perdue dans une dimension insoutenable pour l'âme humaine.

Elle ne cessait de hurler "Trahison, Trahison !" puis se flagellait violemment en psalmodiant des vers en une langue étrange.

Mata Hari, qui avait passé la journée dans les archives divines à la recherche d'élements pré-apocalyptiques qui auraient pu l'éclairer sur les antécédents de Sayyadina, reconnut quelques mots de cet étrange verbiage. C'était du lapon ! Déchiffrant peu à peu les paroles de Sayyadina, elle identifia leur sens : Sayyadina chantait ! Elle chantait l'hymne des Sans-Terre en lapon !

Mata Hari ne comprenait pas vraiment encore en quoi cet indice allait l'aider à guérir Sayyadina, mais elle avait l'intuition que c'était là un élément d'importance fondamentale.

Enfin l'espoir renaissait en elle ! Elle partit sur le champ à la recherche de Kela, persuadée que la psychanalyse était le meilleur moyen pour faire recouvrer à Sayyadina toute sa conscience, que pour la libérer du mal qui pourrissait en elle il fallait exorciser la mémoire vivante de ses ancètres !



Chiana

Pour une fois, Chiana avait quitté Libertalia. Elle voulait revoir ce lieu de diplomatie et de politique. Elle passa dans les salles, prit connaissance des discussions oiseuses, inutiles, vit l'auto-satisfaction régnante, la morne morgue de la majorité des chefs de bandes se congratulant comme s'ils participaient à un jeu de chansons pour enfants ... Au détour de couloirs sombres, elle avait vu des Commandants piailler comme des oisillons des idées naïves, d'autres agitaient des feuillets maculés de pattes de mouches.

L'ennui la guettait depuis plusieurs jours : que faire ici ? Avait-elle perdu son temps en venant se rendre compte de la situation sur la capitale ? Où était donc la fraîcheur des nouvelles générations ? Qui ferait donc vibrer son petit coeur, son corps de déesse pirate, son imagination débordante, à part Octavius, son amant chevaleresque ?

Dans un coin, une pancarte indiquait une Taverne : "Red Proletarian". Qu'était-ce donc qu'un Prolétaire ? Il lui faudrait vérifier ça sur sa base de données rafistolée si son ordinateur acceptait de fonctionner ... Chiana entra et fut stupéfaite.

La jeune femme en bleu souffrait tant et elle subissait de nombreuses perfusions. Tant de douleurs se lisait sur ce visage fatigué, les soubresauts de son corps ressemblaient presque à un combat intérieur ou étaient des marques de plaisirs masochistes. Après tout, qui le savait ? La salle était vide, Chiana s'approcha. Elle se rappelait une chanson que sa mère utilisait pour l'endormir quand elle était petite. Une chanson héritée de la Préhistoire quand les hommes ne parcouraient pas encore les Galaxies, quand l'humanité n'avait pas encore détruit son berceau. Les paroles lui revenaient, elle les chuchota à l'oreille de la femme souffrant tant :

"Avec les radars de sa reum surveillant ses draps mauves et ses frelons d'écume froissée sur ses claviers d'alcôve avec ses dieux chromés, ses fusibles hallucinogènes et ses mitrailleurs albinos sur ses zones érogènes c'est juste une go qui cache pas ses blêmes et qui s'caresse le placebo sur la dernière rengaine : la ballade d'Abdallah Géronimo Cohen"

La jeune femme émit quelques soupirs, Chiana devait aller au bout ... Rien ne remplaçait la poésie pour une guérison totale. Elle poursuivit, un peu plus fort, pour ramener la délicate femme vers la vie réelle.

"avec ses vieux démons, ses vieux tex avery sumériens qui hantent les hootmannies de ses métamondes souterrains avec l'insurrection de ses airbags sur sa poitrine et ses juke-boxes hurlant dans le labyrinthe de son spleen c'est juste une go qui cache pas ses blêmes et qui s'caresse le distinguo sur la dernière rengaine : la ballade d'Abdallah Géronimo Cohen"

La peau bleue la rendait perplexe : une soeur de race ? Pourquoi avait-elle viré au bleu ? Sous quel soleil avait-elle vécu ?

"addallah géronimo cohen addallah géronimo cohen addallah géronimo cohen était né d'un croisement sur une vieille banquette citroën de gwendolyn von strudel hitachi dupond levy tchang et d'zorba johnny strogonof garcia m'golo m'golo lang tous deux de race humaine de nationalité terrienne de nationalité terrienne Abdallah Géronimo Cohen"

"avec ses doc martens à pointes et son tutu fluo pour le casting de "casse-noisette" dans sa version techno avec son casque obligatoire pour ratisser les feuilles tombées sur son balcon parmi ses disques durs en deuil c'est juste une go qui cache pas ses blêmes et qui s'caresse la libido sur la dernière rengaine la ballade d'Abdallah Géronimo Cohen..."

Elle passait maintenant sa main sur le bras de la jeune femme bleue, doucement. Elle sentait la souffrance, une partie de celle-ci s'engouffrait maintenant en elle, lui causant des flashs soudains, incompréhensibles.

Elle retira vivement sa main : quelle était donc cette sorcellerie ? Les images choquantes continuaient de marteler son cerveau et son corps ... La douleur était trop intense et Chiana perdit conscience, glissant au sol au milieu de cette Taverne.


PS HRP : Merci à HFT pour ses paroles ....



Médée

Médée s'approcha de Sayyadina, toujours sur la table d'opération.

Elle traînait une armoire sur roulette. Hormis le fait qu'elle soit en une matière métallique et que Médée avait du mal pour la traîner jusqu'au chevet de sayyadina, l'armoire paraissait normale. Mais tout le monde connaissait assez Médée pour dire que la normalité chez elle n'était pas comparable à celle des autres.

En regardant par terre elle vit la commandante Chiana : « Stein amènes moi cette si gentille personne dans une chambre ou elle pourra se reposer en toute tranquillité ! » « Bien Madame » Stein prit dans ces bras la commandante Chiana et quitta la pièce.

En regardant Sayyadina, Médée pris la clé qui pendait autour de son cou par l'intermédiaire d'une chaîne de diamant. Elle l'a délia puis l'inséra dans serrure de l'armoire. Plus elle tournait la clé plus un bruit de rouage venant de la boite de métal faisait devenait désagréable.

L'intérieur de l'armoire est pour le moins impressionnant. Des dizaine d'écrans, des circuits imprimés, des claviers, des interrupteurs et des câbles de différents diamètres et de différentes textures : des rouges sangs, des rouges pourpres, des rouges bordeaux, des rouges bourgognes, des rouges Médéiques et bien d'autre rouge. Au milieu de l'armoire ce trouvait une grosse boite noire avec le sigle : attention, objet radioactif. Elle se mit à farfouiller dans ce capharnaüm et en dégagea un gros interrupteur avec marqué ON/OFF dessus. Un fois mise en route tous les moniteurs s'allumèrent, les diodes commencèrent à clignoter, la machine semblait être prête.

« Stein apportes moi la Lampe et une paire d'électrodes » « Bien madame »

La Lampe apportée, Médée l'installa sur un des bras hydrauliques et la brancha sur l'armoire. Un jet de lumière violent se projeta sur le visage de sayyadina. La princesse Médée, mit un objectif qui permit de faire converger les faisceaux de lumière de cette lampe en deux points précis. Avec un petit réglage c'est deux point arrivèrent sur les paupières de sayyadina.

Elle prit les électrodes, les relia à des pinces crocodiles qui était branché par l'intermédiaire de gros files à l'armoire.


Médée s'abaissa à l'oreille de sayya. « Ne t'inquiètes pas ma chérie ! » « Bien commençons, je vais t'expliquer le principe de la manoeuvre maintenant que tout est prêt. Cette armoire est branchée sur mini réacteur nucléaire. Ensuite par l'intermédiaire de ces petites électrodes, je vais t'administrer des décharges électriques. Je placerai les électrodes de tel façon que celle-ci soit le plus proche de ton point G. Grâce à ce moniteur relié à ton cerveau je garderais un oeil sur ton état. La lampe ne délivre pas de la lumière mais des photographies coquines que j'ai choisis moi-même. Donc je vais stimuler ton corps à un Plaisir intense pour forcer ton esprit à revenir vers nous. »

Médée souleva doucement les paupières de Sayyadina et par l'intermédiaire d'un scotch les mit en position ouverte pour que les faisceaux de la lampe soient visionnés par la patiente.

Se retournant vers Stein : « Eteins la lumière nous allons procéder à l'opération » « Bien madame »

Médée mit en route la machine ! « Reviens vers nous sayya ! Reviens ! » Les paroles de la princesse des Plaisirs impies résonnaient contre les murs rouges de la chambre, comme si une armée de Médées parlait à Sayyadina. Médée parcourait la pièce au sol rouge, dans lequel le corps bleu de Sayyadina gisait. La lumière des instruments se réfléchit un instant sur les yeux brillants de la Princesse, tandis qu'elle palpait nerveusement la rivière de diamants qui pendait autour de son cou.

Elle s'arrêta finalement devant Sayyadina et se retourna pour lui faire face. « Reviens vers nous ! » Puis elle se mit à lui chantonner un air : « Ici s'étendait un Désert de Cendres, j'en fis des terres Fertiles pleine de Passions, Ici se trouvait le temple de la Haine, j'en fis un Havre de Plaisir, Ici se dressait un Champs de ruines, j'en fis une fière cité Rouge, Ici s'écoulait un fleuve de sang, j'en fis une rivière de Bonheur... Telle était ton esprit, telle sera ton âme après cette opération,

Car je suis Princesse des Plaisirs Impies, fille du Bonheur, et la Jouissance marche avec moi... »



Mata Hari

Alors que Médée se dévouait corps et âmes à la guérison de Sayyadina, Mata Hari s'occupait de la jeune fille au teint diaphane que Stein venait de lui déposer dans l'arrière boutique de l'Izakaya

Sur le visage inconnu de cette demoiselle transparaissaient les mêmes douleurs intenses que sur celui de Sayyadina. Elle aussi semblait plongée dans les profondeurs des enfers.

Mata Hari déshabilla précautionneusement le jeune corps meutri. Elle découvrit un tatouage bionique sur la fesse gauche de la jeune fille.

Ce tatouage était caractéristique des pirates condamnés à mort. Toutefois, les caractères qui auraient du indiquer le nom et l'origine de la condamnée étaient rédigés dans une langue étrange que Mata ne parvenait pas à traduire.

La seule indication que Mata trouva sur la jeune fille était un simple prénom, "Chiana", inscrit au scalpel sur son talon.

Elle administra une solution à base de Red Tantra dans les veines de Chiana dans l'espoir de la maintenir en vie le temps de découvrir un antidote.

La soudaine découverte de ce corps gisant auprès de Sayyadina soulevait de nombreuses interrogations. Si le mal de Sayyadina était contagieux, qu'allait t'il advenir de la nouvelle dimension ? Allait-on voir les commandants perdre la raison l'un après l'autre ? Y avait-il quelque chose de pourri au Royaume des Plaisirs ?

Intriguée, Mata Hari décida d'aller à la recherche d'une pirate nommée Chiana dans la grande bibliothèque divine.



Chiana

Dans son délire, Chiana se sentit soulevée ... Elle se rappelait la douce sensation de l'apesanteur quand elle abordait les VME de ces cochons de marchands ... Ou quand Octavius l'avait emmené dans un de ses vaisseaux : il avait coupé la pesanteur artificielle et lui avait fait l'amour comme jamais auparavant. Sentir ce guerrier si gentil si romantique en elle tout en se sentant dériver ...

Une piqure au bras ... Petite douleur lui rappelant son corps meurtri puis des images, des cris, des batailles titanesques ...

Des mots la frappaient aussi durement qu'un coup direct de canon ionique : Treuillemon, Narn ... Liberté, Tribunal ... Elle délirait maintenant par delà la réalité, son inconscient était happé par d'autres histoires que la sienne ou celle de son peuple pirate. Castors lapons, Vérité, Ministère ... Elle se sentait en sueur, elle sentait, dans ses veines, un corps étranger qui fouillait ses souvenirs, en implantait de nouveaux.

C'était une torture nouvelle et douloureuse mais elle accédait à de nouvelles vérités ... Elle entendait confusément des discours prononcés dans une Assemblée Galactique effervescente, créatrice, motrice. Elle voyait des systèmes entiers ravagés par des explosions monstrueuses de puissance, elle voyait des flottes gigantesques sortir de l'hyperfusion, des escadres de kamikazes s'écraser sur des planètes paisibles, des mécanoïdes cherchant une faille dans des systèmes de défense. Des visages dansaient devant ses yeux, ils prononçaient des mots incompréhensibles, des discours magnifiques crevant la dure réalité politique.

Son âme, corps immatériel flottant dans l'immense Galaxie, voyait arriver la punition divine pour une galaxie s'étant approchée trop près de l'Excellence, de la Vérité, du Parfait. Des milliers de missiles mettant en pièces l'ancienne Galaxie. Elle se protégea des explosions, des radiations derrière ses bras. Flash ...

Elle était maintenant dans une geôle : des gardes riaient en la regardant. Elle avait 13 ans, croupissait au fond d'une geôle sordide, sujette aux exactions des molosses de l'Organisation Renégate. Violée, moquée, rabaissée, elle se voyait finir dans ce bouge infâme réservé à ceux qui avait osé tenir tête au plus grand pourvoyeur de mort de la nouvelle Galaxie. Jouet des garde-chiourmes de l'OR, elle revoyait maintenant les premiers pirates libertaliens débarquer sur sa planète-prison, hacher les sbires de l'OR. Un pirate la vit au fond de sa geôle, il était vieux, barbu et son visage lui rappelait l'un (ou plusieurs ?) des tribuns de l'ancienne Galaxie. Il lui dit simplement : "Suis-moi si tu veux vivre, petite, tu as fini de servir de putain à ses barbares, je suis ta Liberté, je suis ton père à présent". Il tendit une main vers elle, recroquevillée au fond de sa geôle. Elle le mordit sauvagement. Il sourit malgré la douleur : "Tu sais te défendre, petite ? Bien, j'aime ça, je ne sauverai jamais un mouton bêlant, fais-moi confiance, juste une fois dans ta vie, fais confiance !". Il souriait, elle le suivit, l'appela "père".

Un liquide coulait dans ses veines, pas l'un de ses liquides hallucinogènes que l'on utilisait sur Libertalia pour les fêtes des victoires. Ce liquide la happait vers de nouvelles histoires, des héros mythiques ... Elle hurla le nom d'Octavius. Mais d'autres histoires l'assaillaient, toutes racontées par un petit homme vert et un grand homme religieux portant une robe bleue ... Elle délirait, elle assimilait, elle souffrait.

Une présence était près d'elle, rassurante et féminine. L'inconscience la regagna.

C'était si bon de ne plus être maîtresse de ses pensées ... La femme à la peau bleue était là aussi, elle lui souriait tristement, comme une grande soeur ...



Kela

Quant à moi, je continue à utiliser mes quelques compétences de psychanalyste mais le secret médical et surtout la discrétion m'empêchent d'en faire part. La patiente vous en livrera peut-être quelques bribes plus tard.



Mata Hari

Mata Hari avait veillé Sayyadina et Chiana pendant toute la nuit, espérant fiévreusement les premières lueurs de l'aube.

Elle n'avait trouvé nulle trace de Chiana dans les archives, cependant ses recherches n'avaient pas été vaines.

Dès le premier rayon de soleil, elle se rendit sur Newdeun, siège de l'Assemblée Galactique, et demanda à s'exprimer devant ses pairs. Les membres de l'assemblée, légèrement assoupis, étaient ravi d'avoir pour première intervenante la représentante de Red Tantra.

Il s'attendaient à un entendre sussurer un discours érotique et absurde, sur la nécessité de repeindre la galaxie en rouge et d'établir le Royaume des Plaisirs.

Or, quelle ne fut pas leur surprise lorsque au lieu d'un avant goût de leur nuit de débauche, ils entendirent la voix suave de Mata Hari prononcer ces paroles :


Commandantes, Commandants, Frères de la Galaxie Origine,

Vous n'êtes pas sans ignorer que deux des plus belles jeunes femmes de notre galaxie souffrent d'un mal étrange et incurable par les moyens médicaux dont notre galaxie dispose.

Après avoir étudié nuit et jour les archives divines, je crois avoir trouvé un moyen, sinon de le guérir, tout du moins de comprendre leur mal.

Je suis tombée par hasard sur un parchemin enfoui dans les tréfonds de la bibliothèque, ayant sans doute échappé à la grande inquisition.

Rédigé dans ce que je crois être de la novlangue, son état miteux ne m'a pas permis de déchiffrer tout son contenu. Toutefois, j'ai pu trouver dans ses pages vieillies une once d'espoir.

Il relate les guerres pré-apocalyptiques sans fin entre deux groupes, deux armées à la fois égales et ennemies, s'étant livrées un combat sans merci pendant des centaines de lunes.

En ces temps immémoriaux, la violence de la lutte à mort entre ces deux groupes, "Ceux qui marchent dans la voie du Prophète" et "Ceux qui marchent vers l'Homme Nouveau", avait divisé l'univers en deux blocs. Portées par des idéologies contraires, ces deux forces, pourtant si proches, étaient devenues irréconciliables.

Des milliard de kamikases, de soldats et de civils sont morts dans ce combat sans issue entre forces équivalentes. Et bientôt la lutte s'est transformée en haine, l'homme est est devenue bête exterminatrice, dont seule l'apocalypse divine a pu éteindre les passions.

Or cette page de l'Histoire manque au parchemin. Les derniers évènements de l'ère pré-apocalyptique, qui marquent le passage entre l'ancienne dimension et la nouvelle dimension restent un entier mystère.

Le troisième chapitre de l'ouvrage, premier de la nouvelle ère, s'ouvre sur la naissance de deux jumelles, deux enfants à la peau bleue translucide livrées à elles mêmes sur la planète Lalande.

Découvertes par l'Organisation Rénégate, les enfants furent séparées et envoyées l'une et l'autre aux confins de la Galaxie Origine. Le parchemin perd peu à peu leur trace. Nous savons seulement que l'ainée fut envoyée chez les Soeurs du Bene Gesserit, et que l'autre, après avoir été soumise au travail forcé pour l'O.R., a disparu lors de l'attaque pirate de l'an I.

Or ses enfants, séparées, portent en elles le germe du chaos. Elles sont le fruit des déchirements de l'Histoire pré-apocalyptique. Leur séparation a engendré une malédiction prête à s'abattre sur toute la Galaxie Origine.

L'histoire dit que seule la conciliation de l'inconciliable permettra de réunir ces soeurs au visage d'ange et de les défaire de la malédiction. Seule la mémoire et le pardon les libèreront de leurs chaines, qui si elles ne sont rompues seront aussi celles de la galaxie entière.

Le grimoire décrit alors ce que je crois être une formule, un antidote, et bien que j'aie pu comprendre une partie de celle-ci grâce à ma connaissance de l'Histoire pré-apocalyptique, je vous la récite ici même afin que vous puissiez éclairer son sens de vos lumières :


La haine et le mépris coulent dans leur sang bleu, Ce sang qui coulera dans les champs d'Origine, Tant que leurs errances ne se croiseront pas.

L'alpha et l'oméga enfin réunis, Leurs sangs mélés et leur passé retrouvé, Donneront à Origine de vivre plus d'une aube.

L'ennemi comprendra l'ennemi, Offrant aux ancètres le repos de l'esprit Apaisant le sang, et les armes, et les larmes.

Le chemin du pardon mille fois parcouru, Origine vivra !

La voie est multiple, différente pour tous. Elle mène aux reliques des anciens ennemis, Qui reposant ensemble entre le Yin et le Yang, Rendront à la vie sa quiétude et sa joie...


Commandants, la Galaxie n'est pas dénuée d'armes contre le fléau qui s'annonce. Mais, pour que nos espérances ne soient pas vaines, il convient de se mobiliser dans cette quête qui s'annonce longue et difficile ! Unissons nous pour la réaliser ! L'espoir est encore permis.


Sans même attendre une réponse de ses pairs, sans même entendre la rumeur qui montait de l'assemblée, Mata Hari monta dans son croiseur amiral à la recherche d'une première relique qu'elle s'était jurée de trouver : le bilboquet clouté de l'abbé ramouflon.



Chiana

Une ombre se faufilait dans l'arrière boutique, silencieuse, elle tenait une épée courbe au poing et portait un tricorne aux couleurs usées. Derrière venait une autre forme portant un foulard autour de sa tête, un couteau effilé dans sa main, elle percuta, dans le noir, la première forme.

"- Ah ! Parcimony, tu m'as poussé ! T'es nul !" "- Par les cornes de la Sorcière de la Forêt, Abonessian, arrête de faire du bruit, on va se faire repérer !" "- Boh, t'es marrant, toi aussi, tu parles ? Alors, pourquoi j'aurai pas le droit, moi ?" "- Passqu'on est censé être silencieux !"


.......


"- Abonessian, t'as raison. C'est pour ça d'ailleurs que tu passes toujours premier !"

La première silhouette alluma un écran diffusant une légère teinte verte dans la pièce.

"- Bon, on est dans la bonne pièce ! Elle est là, toute proche !"

D'un coup, comme on dit chez nous : "De la discussion jaillit la lumière !" et une lumière vive suspendue au plafond éclaira la pièce.

"- Parcimony, t'es crétin ! Pourquoi t'allumes ?" "- Pour voir clair, pardi !"

Le grand brun au tricorne colla une gifle à son acolyte, un petit brun à la tête de fouine.

"- Aie ! Abonessian, au moins, je l'ai trouvée !" "- Qui ?" "- Chiana ... Mais tu devrais pas regarder ...."

Le grand brun retint, intrigué, sa seconde gifle. "- Quoi ?" fit-il en se retournant, "Oh ! Fichtre de Tiers de Dieu mais elle est à poil !" Il se retourna vivement pour ne plus voir la jeune commandante. "- Tu vois, j'ai toujours raison !"

"- Bon, tu la rhabilles, moi je surveille la porte ..." "- Mais elle va me tuer !" "- Justement, c'est toi qui a allumé, non ? Alors, de toute façon, déjà, elle te coupera la main qui a appuyé sur le bouton ... Manchot ou mort, c'est un peu kif kif, non ?" "- Parcimony, j'ai une idée ! On la rhabille et on l'emmène. Quand elle se réveillera, on lui dit qu'elle était habillée ..." "- Abonessian, j'ai une autre idée : on la rhabille et on l'emmène et quand elle se réveillera, on lui dit qu'elle était habillée et en rentrant, on part deux ans en vacances, le temps qu'elle nous oublie" "- Tope-là, on se dépêche !"

Pendant qu'ils la rhabillaient, Chiana prononça quelques mots : "- Point 43 ...Etoile ... Hérénice, route ... 250 ... pendant ... 2 heures ... Vite"

Le plus grand, Abonessian, écouta avec curiosité. Parcimony lui adressa la parole : "- Dis, je voudrais pas être seul à ... rhabiller la chef !" "- Attends, attends, j'ai entendu ça déjà ... Oui, la Route de la Corne Rouge ... Une vieille histoire, une migration, je crois, c'est une vieille légende de l'Académie ! Elle a les coordonnées ! C'est incroyable ! Vite, on l'emmène !"

Une bonne heure plus tard, la Frégate Pirate de Chiana quittait la planète pendant que la rebouteuse de bord tentait de la réveiller.



Mata Hari

Mata Hari, après avoir ouvert l’Izakaya, vint rendre visite à la jeune Chiana sur son lit de souffrance.

En ouvrant la porte, elle resta sans voix, la jeune fille avait disparut. Mata Hari était certaine qu’elle n’avait pu partir seule, étant donné son état.

Bouleversée par ce nouveau rebondissement, elle envoya ses meilleurs espions à la recherche de Chiana, puis se plongea à nouveau dans les archives.

Sur le clavier divin, elle lança la recherche « bilboquet clouté + abbé ramouflon ». Le serveur se bloqua immédiatement, et sur l’écran s’afficha en lettre rouge « Restricted Area, Please Contact God ».

Or Dieu lui avait refusé l’accès à certaines zones des archives. Pour l’obtenir elle devrait entrer dans de longues négociations avec lui, et elle n’obtiendrait peut être jamais d’autorisation…

Dénuée de solution, elle appela à la rescousse son tendre Al-Kashi, mathématicien hors pairs, afin de cracker le serveur divin.



Chiana

Parcimony et Abonessian avaient déposé leur chef dans la Salle de Rebouterie (et pas rebooterie !) pour la confier à Sheriza la Rebouteuse Irrascible. Ils se mordaient les lèvres en voyant la vieille sorcière ausculter Chiana, toujours inconsciente et en proie au délire. Depuis quelques heures, alors que la Frégate Pirate s'éloignait de la capitale, la jeune femme ne cessait de prononcer des paroles dont le sens leur échappait : une espèce de poème parlant d'Alpha et d'Omega, de sang mêlé, de pardon ...

La rebouteuse ôta son gilet à Chiana, puis son pantalon. Elle la palpa, écouta son coeur sans qu'aucun signe encourageant ne vienne illuminer son visage parcheminé par les rides.

Abonessian prit la parole : "- Sheriza, qu'en penses-tu ?" "- De quoi, stupide Pirate ?" "- Bah ... de Chiana ?" "- Rien, pousse-toi, grand dadet, tu m'empêches de travailler !"

La rebouteuse sortit un ausculteur électronique volé sur le cadavre encore chaud d'un médecin de l'OR, lui donna quelques coups pour l'allumer. Quelques tentatives plus tard, un "bip bip" triomphant s'échappa de l'appareil qui, aussitôt, afficha quelques chiffres.

Abonessian reprit, au risque d'y perdre la vie, la parole : "- Alors, ces "bip bip", c'est bon signe ?" "- Quelqu'un a injecté un liquide dans les veines de Chiana, ce liquide est ... vraiment bizarre mais il semble pourtant la faire réagir. Son mal est plus profond, je le sens et aussi plus ... mystiquement admirable ! Un mystère que je découvrirais si j'avais pas deux imbéciles dans les pattes !". "- Sheriza ne nous jette pas un sort, on a obéi aux ordres ! gémit Parcimony. On y a été, on l'a trouvée et ramenée, c'est tout !" "- C'est tout ? Vraiment tout ?" "- Oui, juré, craché, promis !" renchérit Abonessian. "- Vous êtes de sacrés menteurs comme des arracheurs de dents ou des scientifiques ... M'enfin ... Je vais lui administrer une bonne dose de Jus de Racines Noires, ça devrait la secouer." "- Des Racines Noires ?" Les deux pirates se regardèrent, apeurés. "- Allez, les imbéciles, quittez mon espace de travail, j'ai de quoi m'occuper et vous me gênez, ici. Du vent ! Allez passer le balais dans les coursives du Pont 8."

Sans se faire prier, ils fuirent, car tel était le mot idoine, afin de trouver des embêtements ailleurs.

La vieille femme sortit son livre de Magie Blanche, alluma son lecteur personnel de musique, isola son laboratoire du reste du vaisseau et commença la cérémonie du Réveil alors que les premières notes de musique s'égrénaient.

"Riders on the storm Riders on the storm Into this house we're born Into this world we're thrown Like a dog without a bone An actor out alone Riders on the storm"

Le pentacle prenait forme, le sang de bouc rouge lui donnait une allure inquiétante. Imperturbable, la vieille fredonnait la chanson tout en dessinant les symbôles mystérieux.

"There's a killer on the road His brain is squirmin' like a toad Take a long holiday Let your children play If ya give this man a ride Sweet memory will die Killer on the road, yeah"

Elle transporta Chiana au milieu du pentacle, dessina quelques signes dessus.

"Girl ya gotta love your man Girl ya gotta love your man Take him by the hand Make him understand The world on you depends Our life will never end Gotta love your man, yeah Wow!"

Chiana bougeait un peu, rappelée par le rythme de la chanson, certainement.

"Riders on the storm Riders on the storm Into this house we're born Into this world we're thrown Like a dog without a bone An actor out alone Riders on the storm

Riders on the storm Riders on the storm Riders on the storm Riders on the storm Riders on the storm"

La cérémonie était prête à commencer. Pour la suite, la vieille femme prit un jeune coq blanc dans une cage pour le sacrifier. La chanson se terminait maintenant, place à la Magie Blanche !

PS : Paroles de The Doors ...



Al-Kashi

Une fois de plus en reatrd Al-Kashi arriva, courant jusqu'à Mata Hari qui l'appelait désespérement depis longtemps déjà.

Malgré l'habilité avec laquelle il maniait le clavier, le message "Restricted Area..." apparaissait toujours. « - Ce n'est pas un échec qui va m'arrêter !» Criait-il.

Sa première solution fût de retourner en arrière pour trouver l'erreur à sa source. « - Peut-être que nous pouvons contourner l'accès refusé ? - Mais comment ? Lui rétorquait sa chère et tendre !»

Cherchant tour à tour les fichiers des autres Ultrêmes, l'accès était toujours refusé... N'abandonnant jamais, il savait qu'il allait aboutir. La détermination était l'une de ses rares qualités.

Mais comment faire... Créer un algorythme testant des milliers de mot de passe serait beaucoup trop long, les heures de Sayyadina sont comptées, il ne faut absolument pas perdre de temps.

Une idée lui vint à l'esprit tout à coup. « - Nous devons ouvrir la coque !» Armé de son tournevis et de sa clé à molette, il commença l'intervention périlleuse sur l'unité centrale.

« - Mais à quoi va donc te servir cette clé mon amour ? S'interrogeait Mata Hari - Hum, Dieu est très malin, il a célé la coque... je vais devoir casser...» D'un geste bref et reflechi, il brisa du premier coup le flanc du boitier grisatre.

Explorant tour à tour chaque carte mère du suer-ordinateur, il cherchait un élément spécifique... Il finit par trouver le MIC69-13-311-MYCO, le saisissant de sa main ferme et quelque peu moite, il l'explosa littéralement. La suite fût un peu plus périlleuse, il s'agissait de brancher en dérivation les cables H4K et CN8 à leurs bons emplacements. Le transfert des données serait alors plus rapide.

Là il sortit, se relevant, il afficha un large sourire à son aimée.

« Jai réussi !»

Mata Hari, prise d'une intense excitation, se jeta sur le clavier et obtenu l'accès à tout ce qu'elle désirait. Mais il fallait à présent rassembler toutes les données, et veiller à ce que Dieu ne s'aperçoit pas de tout ce bricolage...



Mata Hari

Le serveur divin, ayant enfin cédé à la volonté réunie d’Al-Kashi et de Mata Hari, s’ouvrit sur la vie de l’Abbé Fridolin Ramouflon.


L’abbé était visiblement une figure mythique de l’Histoire pré-apocalyptique.

Guide Suprême de la Révolution Ultrémiste, l’Abbé représentait le pouvoir spirituel de « Ceux qui marchent dans les pas du Prophète ». Il fut l’un des premiers et plus brillants compagnons de route du Prophète Ultremis, disséminant son message aux quatre coins de l’ancienne dimension.

« Fiévreux, dément et pourtant pénétrant » selon les dires du Commandant Wima, délégué diplomatique de « Ceux qui marchent vers l’Homme Nouveau », cet homme « épais comme un Bufflosaure » passait pour un très grand stratège et un féroce défenseur de la Foi Ultrème.

Son arme favorite était semble t’il une forme pré-apocalytique de bilboquet, le fameux « Bilboquet Clouté » que recherchait Mata hari.

La page relative au bilboquet clouté était presque vide, un seul lien restait encore, vers «l’Opération Bilboquet Clouté ». Il s’agissait d’un récit de campagne militaire, sous la forme d’un discours du Guide Suprême.

Mata Hari dégustait le style inimitable de l’Abbé racontant ses prouesses contre une momie du nom d’Imothep, devant les disciples en délire, lorsqu’elle trouva le passage qui l’intéressait :

"C'est couvert de poussière et de sang que l'Abbé ramouflon entra dans l'assemblée de Vercors ou les commandants se rassemblaient désormais depuis la prise de Newdeun. Il avait tenu a venir s'exprimer devant le peuple tout entier dès sont retour de campagne, la tempête ionique que les forces spéciales ultrémistes avaient déclenché avait déjà fait couler beaucoup d encre. A contre-jour, sa silhouette imposante se détachait du puissant massif de Grand Veymont. Son armure portait les traces d'un rude combat et de sa ceinture pendait un gigantesque bilboquet clouté. Lorsqu’il parvint au pupitre, il posa son casque orné d'un magnifique Stimulo et s'exprima d'une voix forte…"

Le bilboquet clouté qui était censé permettre de guérir Sayyadina se trouvait très certainement encore là bas, près du massif du Grand Veymont, sur Vercors, Sainte Capitale de l’Ultrémisme où naquit le Prophète.


A la lecture du récit de l’existence de ce Père de l’absurde, Mata Hari était envahie de sentiments contradictoires. A la fois haïssable et attirant, l’Abbé Ramouflon lui semblait avoir été un commandant fascinant. Elle savait que ses aïeux avaient versé sang et larmes pour abattre Fridolin, mais elle ne pouvait s’empêcher de l’admirer.

Elle songea soudain à la prophétie des jumelles, à l’impératif de réconciliation qu’elle contenait, qui soudain s’éclairait.

Elle comprit pourquoi c’était-elle et nul autre qui devait retrouver se bilboquet clouté.

Petite fille de Maître Yoda et fille de Synoxis, née dans les champs florissants du Sovkose Java sur la Galaxie Egalité, Mata Hari était celle par qui le pardon arrive. Son aïeul, Maître Yoda avait été en quelque sorte l’alter ego de l’Abbé Ramouflon, formant tout comme lui les jeunes commandants, tissant les réseaux d’espions, stimulants les troupes, etc…

Mata Hari portait en ses gènes cette opposition millénaire, de cette pulsion de mort qui lançait ces commandants l’un contre l’autre et provoquait des guerres sans fin, à l’image de l’opération Paupiette.

Il lui revenait de clore cette partie de ping-pong inachevée.


L’Oeil de l’Aube s’ouvrait enfin. Elle était déjà en route pour Vercors.



PS : Merci à l’esprit du Guide de m’avoir autorisée à exploiter sa mémoire. Toute correction de la Pureté Ultrème étant bien entendue la bienvenue. (http://apocalypsis.free.fr/histoire/index.php?title=Abb%C3%A9_Ramouflon)



Purete Ultreme

"Commandante ! nous avons Vercors en visuel !"

Mata Hari se précipita vers le cokpit de son croiseur interstellaire exitée par l'idée de découvrir enfin cette planète légendaire . Vercors, la mystèrieuse . Vercors, l'objet de tant de récits fantasques, lieu mystique ou l'imagination et la réalité se mélaient inextricablement, terre de légendes, terre rude et exessive . Petite sphère bleutée sur le tissu laiteux de la galaxie .

Phobos et Démos, les deux soleils de Vercors étaient dans l'alignement de la sainte planète . Les recherches effectuées sur l'ancienne capitale indiquaient que lorsque les astres étaient ainsi positionnés, l'attraction un niveau du sol de Vercors devenait quasiment nule, la terre se brisait suivant la ligne d'équateur et l'atmosphère elle même se dilatait si bien que la planète prenait la forme d'une élipse .

Mata Hari contemplait les noirs volutes de cendre que crachaient les volcans de Vercors ruminant en elle meme . Vercors, ce petit coeur bouillant et glacé etait la chef de toutes les énigmes elle en était convaincue .

A mesure qu'elle se rapprochait, ce sentiment se renforcait mais se mélait également d'une sourde appréhension . Qu'allait-t-elle trouver derrière les crètes abruptes qui déja se profilaient ? Combien de secrets sommeillaient sous les glaces de Vercors ? Et cet abbé qui avait disparu après une course de turbulette, qu'était-t-il devenu ? Pourquoi les informations concernant un mouvement qui fut parait-t-il si puissant avaient été tenues secrètes ?


Mata Hari fut tirée de sa méditation ; Quelqu'un venait de hurler . "Que ce passe-t-il ?" demanda-t-elle au pilote . "Madame, il semblerait que l'atmosphère de cette planète soit fortement agitée . préparons-nous à un atterissage musclé ." les reliefs au sol, les vents violents et les crachats des volcans secouaient le vaisseau dangeureusment .

"il n'existe sur Vercors qu'une seule ville permanente ; Gresse-en-Vercors . Trouvez-la moi et tentez de vous posez ici ."

"bien madame"



Médée

Médée avait conspué tous les livres de médication par la Plaisir de la bibliothèque interdite des Plaisirs basé sur la planète Red Tranta, mais rien, toujours rien. Les livres ne lui apprenaient rien de plus qu'elle n'avait déjà tenté sur sayyadina. Mais le problème le plus grave était que son temps à l'intérieur de se bâtiment était limité.

Celui-ci était équipé de telle façon qu'au bout de quatre jours révolus, les odeurs d'encens bouillonnant dans cette maison, vous rendent fous alliés. Ceci était une mesure pour empêcher que de trop gros secrets sortes des registres cette maison du savoir. 900 ans était contenus dans ces manuels du Plaisir.

Elle commençait à ressentir les effets des effluves des encens qu'elle tomba sur un vieux livre dépouillé d'une partie de sa couverture. Mais ce qu'il en restait lui était suffisant. Le titre marquait : Libé... E... Coma... par le Plaisir. Elle en déduisit, Libération d'un Esprit dans Coma par le Plaisir. Arrivé à la moitié, les effluves commencèrent à être vraiment violent. Elle voyait des hommes nus partout, des fouets,... Elle devait se ressaisir pour sauver sayyadina. Elle prit ces notes, et sortit du bâtiment.

A sa sortie, elle prit son radio émetteur : « Stein, prépare moi mon bureau, j'arrive. » Arrivée dans son bureau elle s'enferma toute un journée avec ordre de ne pas la déranger. Ensuite elle parti vers l'endroit ou était sayyadina.

Médée rentra dans la chambre de son amie, accompagnée de Stein, de la table d'opération et de l'armoire à roulette. Pendant que Médée regardait les constantes de sayyadina, Stein installa la table d'opération et sangla la patiente dessus. Puis elle sortit un petit marqueur de la poche de sa jupe et s'adressa à Stein : « J'aurais besoin que tu me trouves une centaines aiguilles d'acupuncture. Et du câble de diamètre 0.1mm. Dès que tu auras ça on branchera chaque aiguille sur un de ces câbles qu'on reliera à notre armoire centrale. »

Après avoir fait ça, Médée traça du point au marqueur sur sayyadina tandis que Stein plantait les aiguilles. Quelques minutes après sayyadina ressemblait plus à un porc-épic qu'à une personne de type humanoïde.

Médée mit en place huit intraveineuses. 4 poches de Plaisorium et 4 autres poches d'une couleur tendant vers le vert, dont aucune inscription n'était marquée dessus.

Elle plaça ensuite La lampe à vidéo pornographique dans les pupilles de sayyadina. Ensuite elle sangla le coup de sayyadina. « Stein, tiens moi cette sangle, quand je te le dirais, tu tireras dessus. On va utiliser le jeu du foulard pour la réanimée » Médée farfouilla dans l'armoire et en sortis un objet, quelle attacha à un des bras hydraulique de la table d'opération. Stein regardait l'objet de Médée. Sur le coup, cela lui faisait penser à une transmission d'une fraise de dentiste. Fronçant les sourcils, il découvrit que s'en était bien une. Une sorte de fraise portable... Médée actionna un bouton. Un zonzonnement irritant retentit. Elle ouvrit la bouche de sayyadina. « Stein attrapes moi ça aussi » Ce dernier tenait dans une de ces mains la sangle qui tenait le coup de sayyadina et cette dangereuse fraise.

Médée prit ensuite un vibromasseur et le mit en place. Enfin elle plaça un casque sur les oreilles de sayyadina, et lança la procédure de musique. Une cacophonie suraiguë éclate, plus acide qu'un citron vert.

Elle mit le contact sur les aiguilles ce qui fit trémousser dans tous les sens sayyadina, et ouvrit les poches des intraveineuses. Puis elle prit la fraise des mains de Stein et commença à travailler la bouche de sayyadina. Au bout de dix minutes Médée cria : « Stein à toi ». Sur ces mots Stein tira sur la sangle, qui commença à étrangler Sayyadina.

10 secondes, toujours rien. 15, 16, ... 20, 30, 60. « Stein, nous avons de nouveau échoué, relâche la sangle ». Stein relâchât l'action sur le coup de sayyadina quand celle-ci ouvrit les yeux. Se retournant vers Médée elle lui dit :

« Ecoute, écoute la prophétie des destins...

Forgés pour elles dans d'autres plans, neuf trésors Seront leur marque, neuf trésors seront siens. Ces trésors seront les éléments de son réveil, Eléments qui jouèrent dans un temps infini La satisfaction et la passion de certaines personnes, Le keffieh du diplomate devra être réuni aux abords Du grand camion prophétique, avec du livre d'ultrelangue Tenue par le biclonisé égaré couvert d'un turban Jouant du bilboquet, et chantant des cantiques d'égalité Sur la flaque d'un ministre de la Paix, accompagné D'une mèche de cheveu de l'homme rouge Elle posera sur sa tête la couronne omnisciente, Œil éternel causant le bonheur des mortels. Et quand les neuf ne formeront plus qu'un, Elles chevaucheront de par la galaxie Pour unifier les cinq armées, annonçant que L'heure de l'ultime Plaisir est venue. En ces temps bénis prospéreront des êtres Nourris d'amour et abreuvés de passion. Et de ces sombres pays naîtront des grands champions, Dont le plaisir sera à la fois leur perte et leur salut. Auréolées de Gloire, les filles d'un puissant roi Seront adulées et vénérées. Et à l'heure de la fin des temps, celui qui Etait tombera de la main de celui qui sera.

A bout de force, Sayyadina sombra à nouveau dans un coma profond...



Mata Hari

Après moult tentatives, le croiseur de Mata Hari avait fini par dompter les vents violents qui agitaient la surface de Vercors et avait réussi à se poser aux environs de ce qui semblait être Gresse-en-Vercors.

Elle avançait avec peine sur une route usée par les siècles en direction de la ville, s’acclimatant avec peine à l’absence d’attraction du sol. Elle était plongée dans l’atmosphère particulière de Vercors due aux deux soleils qui l’éclairaient. Elle pouvait sentir la terre bouger sous ses pas, pendant que ses yeux étaient rivés sur les milliers de jets de lave qui jaillissaient des volcans de Vercors.

Elle croisa sur la route quelques marauds, un peintre dormait dans un champ de camions, de vieilles femmes visiblement imbibées de quelque substance inconnue faisaient une course effrénée de sauts de sacs, un autre groupe détruisait des habitations de bric et de broc à violents coups de hache.

L’ambiance était étrangement joyeuse et légère, Mata Hari, seule face à cette multitude délirante, était loin d’être effrayée. Les habitants de Vercors ne notaient même pas la présence d’une étrangère parmi eux, tout semblaient plongés dans des activités aussi originales qu’improductives.

Arrivant enfin aux portes de Gresse-en-Vercors, Mata Hari essaya de demander son chemin son chemin à deux marmots en guenilles qui jouaient sur le bas côté. Leur jeu, quelques peu violent pour des enfants de cet âge, consistait à s’assommer mutuellement avec un instrument en bois qui ressemblait étrangement au Bilboquet Clouté qu’elle recherchait.

Persuadée qu’elle était sur la bonne voie, elle interrogea les petits monstres sur l’origine de ce jeu. Ceux-ci, qui visiblement n’avaient pas compris un mot de la langue de Mata Hari, se ruèrent soudainement sur les mollets de la jeune femme. Fort heureusement, forte de longues années de danse, Mata Hari évita la morsure des deux morveux par un entrechat et entendit seulement le « pong » de leurs crânes qui se fracassaient l’un contre l’autre avant de retoucher le sol. Les deux mômes, sonnés, dormaient désormais l’un contre l’autre. Elle les embrassa sur le bout du nez, leur récita une incantation curative, et repris sa route.

Elle arriva sur ce qui devait être la grand place de Gresse-en-Vercors. La place était bondée. Des saltimbanques jonglaient avec des chaussures à scratch, des vendeurs ambulants criaient « Stimulos, Tartifouettes, Jus de Sirob ! ». Les neurones de Mata Hari se figèrent sur place : elle comprenait le langage des vercoriens. Eux ne comprenaient pas la langue galactique unifiée cependant.

Alors qu’elle sentait revenir des tréfonds de sa mémoire des odeurs, des mots et des images qu’elle retrouvait ici, elle finit par se faufiler jusqu’au centre de la place, où se trouvait un petit temple fait de pierres volcaniques.

Mata Hari ignorait encore qu’elle se trouvait devant la fameuse Eglise de Vercors. A la lecture des récits guerriers des archives divines, elle l’imaginait comme un immense bâtiment baroque, croulant sous l’Or de l’Archichancelier.

Elle essaya tout de même d’entrer dans l’édifice, poussée par l’intuition de toucher au but. Elle fit le tour de l’église, dont l’état de délabrement révélait des années d’oubli, à la recherche d’une entrée. Ce fut en vain, elle ne trouva nulle porte, nul passage qui puisse lui permettre de percer les secrets du Très Saint Lieu de l’Ultrémisme.

Elle allait sombrer dans le découragement, lorsqu’un objet insolite attira son regard.

Une sorte de bras bionique était suspendu au dessus d’une ruelle sombre, juste derrière l’église. La seule fois où elle avait rencontré un tel objet, c’était sur une gravure représentant l’Abbé Ramouflon devant son armée de Kamouflons.

Elle interpréta cela comme un signe du destin, et décida de s’introduire dans la noire impasse, surmontant à grand peine l’odeur de tartifouette faisandée qui en émanait. La petite rue déserte semblait ne pas avoir de fond. Elle marcha sans discontinuer, ne croisant ni être humain ni animal, mais seulement des ombres fugitives, lorsqu’elle arriva au fond de l’impasse où l’atmosphère devenait étouffante.

Elle trouva là une Taverne, « Au Mouflausore ». N’ayant d’autre choix que de rebrousser chemin ou d’entrer, elle poussa la porte de l’auberge et se retrouva dans le bar le plus glauque qui lui avait été donné de connaître.

Epuisée, assoiffée, elle ne prit pas même la peine de regarder les déchets humains affalés autour d’elle. Les yeux injectés de sang, perdus dans des visions millénaristes ou forniquant les uns avec les autres, les clients du bar semblaient vivre avec le chaos comme seul maître.

Mata se rendit directement au bar à la recherche de quelqu’un qui voudrait bien lui servir à boire. Arrivée au comptoir, elle ne trouva qu’un vieil ivrogne dans un état d’agitation intense, qui lui fit signe de se servir elle-même.

Mata attrapa une bouteille remplie d’un liquide jaunâtre et avala son contenu en un instant. Sur l’étiquette on pouvait lire « Stimuline Supremiste ».

Elle sentit soudainement monter en elle une force irrésistible, prête à transpercer les montages pour trouver le bilboquet et guérir Sayyadina, prête à secouer la galaxie Origine pour réaliser son destin, Mata Hari sentait la terre se dérober sous ses pieds et l’atmosphère de Vercors devenir son souffle.

Elle se tourna vers le vieux clochard, dont les yeux injectés de sang lui portaient des regards à la fois admiratifs et lubriques...



Chiana

3 jours complets avaient été nécessaires pour accomplir la cérémonie de Magie Blanche. Sheriza la Rebouteuse avait dû négocier âprement avec les esprits, ceux-ci en voyant l'état de la jeune pirate avaient voulu déclarer forfait ... Il avait fallu discuter ferme, très ferme et la Rebouteuse était épuisée quand Chiana ouvrit les yeux.

Mécaniquement, elle s'était redressée sur la table de la rebouteuse de bord et bredouillait : "- Le Pakol, le Pakol de Celui qui Calme les Tempêtes ... Je dois le reprendre, je dois le ramener pour nous sauver toutes les deux. Ma "soeur" et moi ..."

Sheriza, malgré la fatigue, prononça quelques paroles dans le creux de l'oreille de Chiana : "- Tu n'es ... pas ... sauvée, ma tendre ... Chef ... Les esprits n'ont pas accordé ta guérison ... Ils ne t'ont accordé qu'un répit, ... quelques jours ... au mieux pour ... mener cette ... quête ... à bien ... et sauver ta soeur, toi et ... la Galaxie ... Je dois ... te ... laisser, je ... suis .... trop ... fatiguée ... par le ... sacrifice ..."

La vieille femme perdit connaissance.

Chiana appuya sur un communicateur mural pour appeler la passerelle : "- Ici, Chiana, Abonessian vous a transmis des coordonnées, que la "Belle Poule" s'engage dans cette direction, vitesse maximale."

Elle caressa le visage de sa rebouteuse et lui parla, même si cette dernière ne l'entendait plus : "- Une Soeur ? Je dois la sauver aussi sans quoi cette Galaxie croupira sous l'amertume et l'incapacité de ceux qui prétendent la diriger et la protéger."

Chiana, en se levant, eut un sentiment particulier : elle vivait mais ce n'était pas elle. Il lui manquait maintenant l'amour d'Octavius qu'elle ne sentait plus dans son coeur, elle ne sentait plus qu'un étrange vide sentimental quand elle sondait son propre coeur. Elle se souvenait des paroles de Sheriza sur ce répit accordé par les esprits, un répit glacial, sans sentiments hormis ceux qui l'attiraient vers cette Soeur cachée et vers cette quête ! Elle se souvenait confusément de la personne l'ayant soigné, visage déformé par le Mal qui la rongeait, elle se souvenait cependant de ses soins, de son inquiétude et de sa coiffe rouge mais pas de son nom.

Le communicateur mural grésilla : "- Chef, nous sommes en route vers la Corne Rouge selon les coordonnées transmises par Abonessian et Parcimony. Vous devriez monter sur la Passerelle de Commandement, nous arrivons bientôt."

Chiana se rhabilla, elle complèta sa tenue par deux pistolets à fléchettes et deux couteaux longs et effilés, elle connaissait le sentiment de ces hommes d'équipage vis à vis des événements particuliers de cette affaire, il faudra les pousser bien au-delà de ce qu'ils peuvent supporter pour arriver au terme de sa quête ...

Sauver la Galaxie devenait secondaire, il fallait maintenant secourir cette soeur inconnue mais tellement souhaitée ...

"- Que le Tiers de Dieu me Croque, répondit-elle, faites armer les hommes d'équipage, nous aurons des cochons de l'OR à occire sous peu. Je vous rejoins, de ce pas, sur la passerelle ..."



Purete Ultreme

« Ulmarash bilboua yogmosh ! » bredouilla le vieil ivrogne en s'adressant à Mata . Celle ci, stimulée par la boisson qu'elle venait d'absorber et par les étranges réminiscences qui surgissaient des tréfonds de son esprit fut en mesure de comprendre pleinement toute la puissance et la subtilité du langage ultreme . Le ton, la voix, les sonorités tantôt sifflantes tantôt caverneuses, les rythmes et les assonances de cette langue si rude soulevaient dans son esprit des visions innombrables comme le sable des désert révèle, lorsque le vent souffle en tempête, les secrets qu’il renferme . des images imprimaient sa rétine un instant puis s’évaporaient pour laisser la place à d’autres . Mais ces images s’effaçaient de la mémoire sitôt qu’elle n’étaient plus visible comme les rêves que l’on oublie quelques minutes avant son réveil .

En gros le clochard (encore que sur Vercors ce mot n’a guerre de sens, mais qu’es qui en a un sur cette planète ?) venait de lui dire ;

« tu sais que t’es sacrement bonne toi ! »

Absorbée comme elle était par le spectacle de la dentition moisie de son interlocuteur, Mata Hari ne remarqua pas la main sournoise qui remontait le long de sa cuisse . Lorsque celle ci parvint au niveau de la hanche, Mata retrouva une partie de la lucidité qui commençait à la quitter et envoya une baffe mémorable à ce déchet humain affichant un rictus de répulsion et de mépris . Cette infection ambulante, cet ignare pensait pouvoir s’unir avec l’une des commandantes les plus estimées de la galaxie lui qui n’avait sans doute pas fait un pas hors de son trou à rat durant toute son existence aussi longue que ratée ! Le vieillard chût lamentablement de son tabouret et vint s’écraser contre le sol poisseux de l’auberge . Mata Hari, sans doute stimulée par le jus de stimulo qu’elle venait d’absorber éclata d’un rire franc bien que méprisant . En d’autres circonstances, elle n’aurait jamais été capable d’un tel acte mais sur Vercors, on apprenait vite à perdre ses inhibitions .

« hum tù as du caractère ma mignonne, y’aime qu’on me résiste ! » lâcha le vieillard .

Mata s’aperçu que celui si c’était exprimé dans la langue commune qu’il avait l’air de maîtriser parfaitement .

« tu viens d’une autre planète c’est ça ? et comme beaucoup de jeune femme dégénérées tu crois pouvoir défouler ici tout ce que tu as refouler sur ta planète pourrie ? et bien tu n’as pas tord ! allez ma tartinette reprend un verre et viens t’éclater ! »

le vieux lâcha un liasse de billet sur le comptoir sans trop de raison et remplit deux verres crasseux de jus de stimulo au litchi . L’argent étalé négligemment dans une flaque de boisson était à la portée de n’importe qui mais personne ne semblait y prêter attention .

« Attention ! tu es en train d’abîmer cet argent ! » vociféra Mata qui s’échauffait de plus en plus . Le vieux regarda Mata avec une moue de profonde incompréhension et fit mine d’ignorer la remarque comme si elle venait de prononcer une grossièreté lors d’un conseil d’administration d’une multiplanètaire .

« Bon prends ton jus ça ira mieux après »

Mata un peu honteuse, se dit qu’elle avait encore beaucoup de choses à apprendre sur la civilisation ultrème, et avala son jus sans discuter davantage .

Tout à coup, elle fut saisie de violents spasmes, une chaleur infernale avait envahi son corps tout entier . son corps prenait une force et une assurance étonnante, ses sens étaient exacerbés comme jamais . Elle pouvait sentir le moindre courant d’air sur sa peau, elle pouvait décomposer les effluves qui parvenaient jusqu'à ses narines ; ici, une Tartifouette de 3 ans d’age qu’on avait laissé brûler dans un four, là une odeur de sueur provenant sans doute du couple maigrichon qui s’empapaoutait dans le recoin du fond de la pièce la bas le sang séché d’une ancienne querelle … Le temps lui même paraissait plus lent, ou ses mouvement plus rapides et plus précis . quel délice ! quelle puissance si longtemps endormie dans son être se réveillait enfin ?

Elle fut soudain d’humeur plus joyeuse et communicatrice ; Harponnant le vieux qui suçotait désormais un stimulo au clou de girofle elle se mit à entreprendre une longue discussion avec celui qu’elle méprisait de toute son âme quelques minutes plus tôt .

La discussion démarra sur les chapeaux de roues ; Mata faisait l’éloge de la nouvelle substance qu’elle venait d’absorber, puis décidément très prolixe elle embraya sur la mystérieuse maladie qui rongeait son amie Sayyadina et la jeune Chiana . Elle expliqua rapidement la raison de sa présence sur Vercors ;

« … et donc je suis ici pour retrouver un ancien chef ultrème qui s’appelait l’Abbé Ramouflon . »

« Un chef Ultreme ? tu dois faire erreur la … »

« …Enfin un guide mais c’est la même chose . Un mec qui avait mené la grande guerre contre mes ancêtres avant l’apocalypse . tu connais pas non ? »

« Tu veux parler de cette époque maudite ou quelques fumeux plus malins que les autres avaient inventé « le compromis ultremiste » pour légitimer un combat propre aux dégénérés ? Ultremisme et compromis on croit rêver … »

« Oui bon, en tous cas tu vois de quoi je parle … »

« Ouaip malheureusement je n’ai pas encore oublié cette époque d’errance spirituelle … » marmona-t-il l’air vaguement tristounet .

« alors tu sais ou trouver Ramouflon ! » lanca Mata pleine d’espoir

« ptet ben ma ptite dame … ptet ben »

Mata Hari ne put profiter longtemps de la nouvelle car une nouvelle vague d’ivresse se saisit d’elle . Un vieux poste de radio trainait dans un coin de la salle ,elle l’alluma et se mit à danser, invitant son vieux compagnon à faire de même . Après quelques pas endiablés, Mata qui se sentait puissante légère et gracieuse comme jamais, improvisa quelques entrechats . Elle avait malheureusement oublié que la gravité à cette époque de la bi-année vercorienne était très faible . elle bondit donc tellement haut qu’elle se cogna le crâne contre le plafond et s’emmêla les cheveux dans un lustre . L’ivrogne debout sur un tabouret tentait de démêler la malheureuse qui pendait bêtement par les cheveux . lorsque il eut défait un nœud délicat, Mata Hari tomba à la renverse et par un réflexe idiot tenta de s’accrocher à son sauveur ne faisant que l’entraîner lui aussi dans sa chute . Tous deux terminèrent empilé au sol dans une position assez lamentable . Mata put apercevoir l’œil clair de l’ivrogne qui la fixait d’un air lubrique . Désinhibée par la Stimuline, Mata se rendit compte qu’elle aussi se liquéfiait de désir . A cet instant, le vieil ultrème se saisit butallement de Mata et l’installa sur le comptoir en l’embrassant fougueusement . Ils se lancèrent dans des acrobaties dont il n’est pas nécessaire de décrire la nature dans l’indifférence généralisée . La drogue décuplait les sensations des deux amant et tandis que Mata, chevauchait son étalon sur le comptoir les doigts fermement agrippés à sa barbe drue comme la crinière d’un cheval elle savait qu’elle vivait à cet instant le moment le plus intense de son existence . Ce vieillard avait encore de beaux restes puisque il tint bon pendant longtemps à une cadence infernale et ce, sans montrer le moindre signe de fatigue .

Lorsqu’ils eurent terminé leurs ébats, il s’assirent sur le comptoir et reprirent une discussion passionnante ; Mata Hari écoutait émerveillée les aventures de l’homme qui avait donné son nom cet ce bar ; le mouflosaure . Le mouflsaure avait été l’un des principaux héros de la première libération de Vercors, lorsque le prophète n’avait pas encore 20 ans . Il avait combattu avec toute l’inconscience et toutes la modestie naturelle qui sied aux vrais ultrèmes . Il raconta aussi comment le Prophète avait abandonné sa collection de camion, comment il avait été au bout du cheminement spirituel humain et d’autres choses passionnantes encore . Il connaissait l’univers, ses peuples, récitait des poèmes toujours frais en y mettant l’éclat nécessaire à interpeller les esprits et les coeurs . Mata ce laissait donc bercer par l’érudition et la beauté de sa prose jusqu’au moment ou elle fut pris de malaise . chancelante, elle fit quelque pas puis s’écroula sur une table ou dormait déjà quelques jeunes ultrèmes .

« merde, elle nous fait un mauvais voyage la, Rhaa c’est toujours pareil avec ces blancs-becs de dégénérés ! »

saisissant Mata sur l’épaule tel un saucisson, le vieillard tourna la poignée de la porte et sortit dans le froid et la nuit vercorienne .


Vincenzo Rimi

Base aérienne de Pyria.

Vincenzo Rimi regardait le transporteur.On aurait dit une vielle épave prête à s'écrouler.Il jetta un regard soucieux vers Thypheros.

"C'est une blague?Ce tas de ferrailles ne passera jamais l'atmosphère!"

Thypheros eut un rire moqueur.

"Ce tas de ferrailes comme vous le dites,est un des meilleurs transporteur d'assaut au sol que la galaxie est compté.Il a participé à tous les combats,mais il est vraix que les combats l'ont un peu amoché."

Une tôle choisit ce moment pour se détacher et tomber par terre.

"Un peu amoché!Un peu amoché!C'est une relique,Thypheros!"

Thypheros prit un air désabusé.

"Si on y allait,les discours d'Alphonse Hubert n'ont pas de pattes aux dernières nouvelles. -Très drôle.Qui pilote? -Moi. -Alors on n'est pas rendus. -Ne me commence pas..."

Thypheros entra dans le cockpit.Après avoir controlé tous les systèmes,il regarda vincenzo s'asseoir.

"Voilà,maintenant,direction New Rosa,sur la route de Feu Savoir Universel! -Si on explose pas avant...."

Le transporteur décolla dans un bruit assoudissant,plusieurs morceaux volant se détachèrent de l'appareil.

"C'est rien,dit Thypheros d'un ton détaché,il reste le bout principal."

Puis il passa en hyper-espace.


Deux heures plus tard,orbite de New Rosa.

La planète semblait calme.Tout en gardant une beauté naturelle,le vide et le silence donnaient une impression de lieu déserté. Le lourd Transporteur se posa sur la planète,sans problème et toujours dans une tranquilité angoissante.

Vincenzo regardait devant lui,un grand batiment mais d'architecture simple s'imposait à perte de vue.un grande inscription disait:Pour le printemps rouge,l'égalité et la victoire des sans terres.

Thypheros poussa la porte principale et fit signe à Vincenzo de rentrer. Ils commencèrent les recherches.Vincenzo brisa le silence.

"C'est trop calme.vous ne trouvez pas ça bizarre?Pas de garde,personne.Mêmepas un système de sécurité..."

Il s'interromput,dans une bibliothèque,il voyait dépasser un cahier rouge.La couverture indiquait:Seulement pour Alphonse Hubert.

Vincenzo haussa les épaules et prit le livre en pleine main.Aussitôt un bruit se répercuta en échos.Thypheros regarda le couloir.

"On a trouvé le système de sécurité."

Trois statues de fer couleur sang couraient vers eux,chacun un blaster et un baton électrique dans chaque main. De la rouille parcourait leurs corps.

Vincenzo recula pour se mettre dos à dos avec Thypheros.

"On a du les réactiver,et leurs maintenances n'a pas été faite on dirait."

Un garde robotique cria.

"Sus à l'ennemi,pour les Sans Terres!"

Et il tira une salve sur eux.Le tir passa in extremis à côté,et Thypheros sortit une longue épée.Vincenzo le regarda,incrédule.

"C'est quoi cette nouvelle vieillerie?Ah je sais,c'est aussi un héros de guerre?"

Thypheros sourit.

"C'est l'épée Thyphérienne,un héritage.Elle m'a servie dans la bataille de Térénis et depuis je la lache plus."

Il s'élança et découpa le Garde le plus proche en deux.

"Elle coupe toujours."

Vincenzo sortit un magnum-laser en argent et tira entre les bibliothèques,pour toucher le deuxième s'abritant derrière les étagères.

Thypheros plongea à terre pour esquiver un tir du dernier,et commeça un duel à l'épée.Le robot étant trop prévisible,Thypheros trouva une faille et le décapita.Vincenzo était toujours aux prises avec l'autre,et dépité,jetta une grenade au napalm pour en finir plus vite.Les circuits furent grillés et il s'éffondra.Vincenzo se frotta les mains.

"Génial,remarquable,formidable.On peut partir?"

Thypheros hocha la tête.

"Non,il manque la seconde partie du livre.Nous reprenons la route vers Feu Savoir Universel. -Je me disais que c'était trop facile.... -On dit ça après le combat. -Très drôle,allez faites décoller notre épave."

Le transporteur décolla une nouvelle fois,direction Feu Savoir Universel...



Mata Hari

Lorsque Mata Hari reprit conscience, elle était seule, nue sur une paillasse, dans une cabane de bric et de broc, qui brinquebalait sous le souffle des vents violents qui agitaient Vercors.


Elle ouvrit un oeil, puis l’autre, avant de les refermer immédiatement sous l’effet de violentes douleurs en provenance de sa boite crânienne. Elle prit peu à peu conscience de son corps qui n’était que souffrance.

Elle avait l’impression d’avoir cavalé mille jours, d’avoir fait la guerre, vécu et aimé, d’avoir traversé toute son existence en une seule nuit. Ses souvenirs de la veille étaient assez flous, seul restait ancrée dans sa mémoire son totem, l’œil de l’Aube qui l’avait portée à travers la galaxie jusqu’à l’esprit de Sayyadina et de Chiana. Elle savait qu’elles étaient vivantes, mais elle sentait désormais le souffle de Sayyadina s’éteindre peu à peu, comme une étoile qui se meurt.

Elle se leva chancelante, pour découvrir dans un recoin de la bicoque ses vêtements déchiquetés, réduits à l’état de haillons, sa coiffe défaite, et soudain la lumière se fit dans sa mémoire.

Son corps n’était pas endolori par la guerre, mais par la violence des passions qui se rencontrent pour ne faire qu’une. Elle se souvint de ce vieil ivrogne de Ramouflon, de leurs discussions fascinantes, de leurs ébats enflammés, de la satisfaction de ce désir sauvage et de l’ultrème jouissance qu’elle en avait tiré, bien au-delà du 9ème palier de plaisir tantrique.

Pendant leur étreinte, Mata Hari avait eu par instants l’étrange sensation d’être unie de manière plus que charnelle avec cet l’Abbé millénaire, comme s’il étaient un même corps, un même esprit, comme si le même sang coulait dans leur veines et qu’une même flamme brillait dans leurs regards.

Etait-ce là la force de la foi Ultréme qui l’avait saisie, ou bien simplement les effets secondaires de cet étrange breuvage ?

Elle chassa ses questions de son esprit. Le plaisir des sens ne suffisait pas à la combler, et cela tant que son amie Sayyadina ne serait pas hors d’atteinte. Maintenant qu’elle avait trouvé l’âme et l’histoire vivante de Vercors, elle savait qu’elle touchait au but et devait continuer sa quête.


Mais où était l’abbé ?


Poussée par le désir de retrouver le Bilboquet pour sauver son amie, mais aussi de connaître cet homme avec qui elle avait voyagé dans les tréfonds de son propre esprit, Mata commença à fouiller parmi les quelques objets que contenait la baraque.

Au milieu de divers déchets, stimulos faisandés, kamouflons désossés, elle trouva un vieux tas de paperasse en voie de décomposition, comme leur propriétaire, mais nulle trace de bilboquet clouté.

Il y avait là des discours griffonnés à la va-vite, sur le bord du champ de bataille, des copies de sermons célèbres, la recette de la tartifouette, un dictionnaire d’ultrelangue et quelques lettres.

Elle subtilisa tout d’abord le dictionnaire, consciente qu’elle ne trouverait peut être jamais d’autre exemplaire de cet ouvrage. Après tout, « La propriété, c’est le vol ! » comme lui avaient appris ses aïeux, alors elle pouvait librement collectiviser les biens de l’abbé détenait.

Les discours et sermons, tout instructifs qu’ils furent, ne lui apprirent rien qui puisse l’aiguiller dans sa quête, elle entreprit ensuite de lire les lettres.

Rompant le sceau de l’espace privé de l’abbé, elle blêmit soudain, submergée par le dégoût, la colère, et le chagrin. Des larmes bientôt ruisselèrent sur son visage, prostrée, face à terre, elle effaça par ses larmes l’encre de sa honte :


Lettre n°1 : « Ta fille Mata est née, passe la voir sur Match Point, je t’aime. »

Lettre n°2 : « Fridolin, mon cœur, tout le monde s’inquiète de ton absence de réponse. Ta fille à besoin d’un père, viens ! »

Lettre n°3 : « Fridolin, tu me dois 3 mois de pension alimentaire ! Tu pourrais donner de tes nouvelles vieux chameau ! »

Lettre n°4 : « Fridolin, les Sans-Terre bombardent Match Point ! Fais quelque chose ! »


La correspondance de ses parents, dont Mata avait perdu tout souvenir, s’arrêtait à ces quatre lettres. Elle qui avait été élevée par Maitre Yoda et Synoxis comme un Yodina comme les autres, dans l’amour du progrès, voyait tout son univers se morceler d’un coup, brisé par la rupture du tabou ultime.



Chiana

La Corne Rouge, lieu mythique de la Galaxie. Les rumeurs disaient qu'un exode avait eu lieu d'ici, un exode massif, triste mais victorieux. "Ceux qui marchent vers l'Homme Nouveau" avaient voulu nargué les Trois Dieux en quittant la Galaxie avant la Fin apocalyptique. Les équipages savaient que nombre de leurs vaisseaux avaient été réduits en poussière, ici même, par les courants ioniques et les souffles de la destruction. Avec le temps, ce lieu avait été transformé en cauchemards pour les pilotes pirates : les superstitions avaient cédé la place aux dangers scientifiquement reconnus.

Chiana ne pensait pas aux risques. Pour être exact, elle n'y pensait plus, animée d'un souffle nouveau depuis la cérémonie. Cette froideur habitait son âme depuis quelques temps : elle devait sauver sa Soeur et la Galaxie ! "Au moins ma Soeur, que cette Galaxie crève si elle devait mourir ! Rien ni personne ne devra survivre si cette moitié de moi devait dépérir ..." pensa-t-elle, étonnée de son cynisme, de sa dureté, de son intransigeance.

La Frégate Pirate, la "Belle Poule" freinait sa course depuis la sortie de l'hyperfusion. Brinquebalé par les courants spatiaux, le vaisseau grognait de tous les joints de sa coque. Parcimony, le regard anxieux, luttait pour maintenir la frégate en état de naviguer, le visage rougi par les efforts.

"- Chiana, la Belle Poule se barre en c... Je ne parviens presque plus à la contrôler ! Donne-moi plus d'énergie dans les moteurs !" "- Hors de question, Abonessian, coupe les moteurs, tous ! Maintenant ! Parcimony, laisse la barre libre. Les courants nous mèneront vers Celui qui Calme les Tempêtes. Exécution !"

Quand la barre fut libre, la "Belle Poule" partit en vrille, l'équipage fut malmené, écrasé sur les parois par la force centrifuge appliquée à la Frégate par les courants ioniques : des blessés seraient à déplorer mais était-ce si important ? Elle s'étonna de brader ses chers pirates, ses chers libertaires pour cette quête alors qu'elle aurait donné sa vie pour eux !

Abonessian, accroché à l'écran des senseurs, hurla :

"- Chiana, nous allons nous écraser sur la planète ... Lalande d'après l'ancienne cartographie !" "- Parfait, ne touchez plus à rien, la "Belle Poule" doit dériver comme le veut la Quête"

Abonessian et Parcimony se regardèrent, les yeux emplis de terreur alors que l'écran montrait la planète qui s'approchait, trop vite, beaucoup trop vite... Un dernier remous finit de mettre hors d'état la Passerelle de Commandement. Attachée sur son siège, Chiana était hypnotisée par l'image de cette planète, oubliant les cris désespérés du vaisseau qui perdait quelques morceaux à chaque choc latéral. Quand elle put enfin distinguer les nuages de l'atmosphère, elle eut un rictus de plaisir et de satisfaction, oubliant les cris des blessés et les alarmes qui identifiaient les systèmes en panne.

Quand la frégate pénétra l'atmosphère, le vaisseau subit une dernière ruade : des écrans de la passerelle volèrent partout et l'un d'eux la toucha au front, violemment. Loin de se plaindre, Chiana souriait, un rictus carnassier barrait son visage : la Vérité approchait et, pour être exact, la "Belle Poule" allait s'écraser dessus. Elle vit le visage de Celui qui "Calme les Tempêtes" qui lui souriait avant qu'enfin, un ultime choc la fit sombrer dans l'inconscience.

Plus personne ne semblait diriger la "Belle Poule" ... Livré à lui-même, le vaisseau attendit de prendre durement contact avec la surface de la planète pour cesser son plongeon morbide. Il dessina dans le sol de la planète une longue balafre avant de s'immobiliser dans une clairière. A bord, rien ne semblait avoir survécu. Au bout de quelques minutes, la faune reprit sa vie, certains animaux, plus curieux, s'approchaient de l'épave pour y capter une odeur, un bruit. Les rubans bleus et blancs qui ornaient la coque intéressèrent même, pendant quelques instants, un couple de castors.

Une heure plus tard, alors que les pistons évacuaient les trop pleins de pression hydroliques, une étrange procession s'approcha du vaisseau. Un groupe d'humains entoura le vaisseau : au signe de l'un d'eux, trois d'entre eux s'approchèrent du sas principal et activèrent quelques instruments ...



Solon

Cela faisait plusieurs jours que le commandant Solon était arrivé dans le système 341 à la recherche du turban. En arrivant, il avait tout de suite remarqué à sa plus grande déception, que aucune planète n'avait le nom désiré.

Il avait effectué des recherches pendant ces derniers jours, mais il n'avait rien trouvé de vraiment concret. En utilisant plusieurs critères de recherches, il retombait toujours sur une même planète. N'ayant rien trouvé de mieux, il se décida d'aller la visiter.

L'autorisation d'atterrir est bonne depuis déjà trois jours, il arriva sur la planète à bord de son croiseur. Tout était neuf, les mines, les bunkers, le complexe d'armement, tout. La seule chance de retrouver le turban se situait donc la partie ancienne de la planète. Se trouvant sur la plage il partit sur la gauche, longeant les falaises.

Il marchait depuis quelques minutes sur le chemin, ce petit chemin qui sentait la noisette, mais n'avait fait que quelques centaines de mètres. Il scrutait chaque recoin, chaque pierre, chaque poussière à la recherche d'un quelconque indice. Il vit une planche de bois, celle de la taille d'une pancarte mais qui aurait perdu un morceau d'elle même. Il la retourna, elle était en très mauvais état, mais il put lire :"Ber**en**rouss*". Il ne lui fallu que très peu de temps pour comprendre qu'il fallait lire :"Berk-en-Brousse".

Il était donc arrivé par chance sur la bonne planète. Son moral et sa détermination venaient de remonter. Il partit d'un pas pressant vers les quartiers anciens, bien décidé à trouver le turban...



Solon

Solon se réveillait, il venait de passer la nuit dans un des vieux bunkers. Durant toute la journée précédente il était allé dans des bunkers pour retrouver le turban. Il l’imaginait, là, posé sur le bord de ce qu’on pouvait appeler une fenêtre. Puis, il prit une Galac-Barre, l’équivalent d’un petit-déjeuner, et sortit .

Le soleil était levé depuis un petit moment, il faisait déjà chaud sur la planète. Solon avait visité près de 60 bunkers, le problème était qu’elle en possédait des milliers. Berk-en-Brousse avait du être le lieu de nombreuses batailles et aujourd’hui il devait en faire le tour.

Il arriva au bunker suivant, il avait une particularité, celui-ci possédait un drapeau, c’était le premier drapeau qu’il voyait. Il pensa : « S’il y a un drapeau c’est qu’il y avait de généraux la dedans, ça doit être un bunker de "luxe" ». Il se décida donc d’entrer.

A sa surprise, le bunker était comme tout les autres, sombre, comportant des traces de sang sur des murs abîmés : le même atmosphère glauque. N’ayant rien trouvé qui lui attirait l’œil il sortit tout en se demandant pourquoi se drapeau était là.

Alors qu’il se dirigeait vers le bunker suivant, Solon s’arrêta net, fit demi tour, il venait de comprendre...



Vincenzo Rimi

Vincenzo et Thypheros étaient dans une grande salle.Dans Feu Savoir Universel.Ce n'était pas aussi calme que la paisble New Rosa. A peine arrivés,ils avaient entendus des tirs et des explosions.

Ils avaient finis par trouver cette salle ou un coffre leur résistaient depuis maintenant une heure.la deuxième partie du discours était certainement dedans.

La tête entre les mains,Vincenzo entendait les bruits de combats se rapprochaient pendant que Thypheros cherchait une solution à cent à l'heure.

"Impossible,murmura t-il,mon décrypteur a tenté un milliard de code et moi des mots communs."

Thypheros soupira.

"Bon.Prolétariat,Sans Terre,printemps Rouge?"

La sécurité magnétique du coffre refusa toutes les réponses.Vincenzo sortit son magnum laser et vida son chargeur sur le coffre. Quand la fumée se dissipa,le coffre était toujours intact.Thypheros le regarda,dépité.

"C'est tout ce que vous avez trouvé? -Eh!Si ça avait marché,vous auriez dit quoi?"

Un bruit sourd envahi la pièce.Quelque chose avait heurté la porte.Vincenzo se leva arme au poing et Thypheros saisit son blaster. un second coup résonna.

"A terre!"

Aussitôt la porte éclata,Thypheros et Vincenzo se réfugièrent derrière un muren demi cercle.

Ce qu'il viren t les stupéfièrent.

Des soldats AST!Les soldats ne les avaient pas remarqués.Ils se positionnèrent à différent endroit.Certains tiraient vers l'extérieur. Thypheros se pencha.dehors,des soldats ultrèmes se précipitaient vers les ADT. Vincenzo murmura.

"Des survivants de l'apocalypse,ils ne savent pas que l'AST et l'ultrèmisme n'existent plus..."

Thypheros approuva.

"Comment on fait pour sortir avec le discours? -Comme ça."

Vincenzo se leva et abattit un ultrème se précipitant vers lui.

Les AST pensèrent qu'il était des leurs et le remercière chaleureusement.Thypheros parut exaspéré.

"C'est le plan le plus idiot qu'il est jamais fait."

La première vague passée,Vincenzo en profita pour demander le code du coffre au leader AST.Celui ci hésita un instant puis l'ouvrit lui même.Il tendit un manuel rouge à Vincenzo qui le remercia.La deuxième vague arrivait,le leader parla à Vincenzo .Il retourna près de Thypheros et lui donna le dernier fragment des discours.

"C'était pas du plan? -C'était stupide. -Peut être mais on a le discours intégral,et une sortie secrète pour rejoindre le transporteur."

Vincenzo poussa quelques briques alors que la bataille recommençait.Une sortie secrète se forma et ils partirent sans hésiter.

Arrivés dans le vaisseau,Thypheros boucla rapidement son harnais.

"Retournons voir Mata Hari,et promettez moi de ne JAMAIS refaire cela."

Vincenzo éclata de rie.

"Promis chef!"

Et le transporteur décolla.



Solon

Il avait enfin comprit, c’était pourtant tellement logique. Le turban ne pouvait que être fièrement exposé, il représentait à lui seul la liberté, le combat, et la résistance de l’AST. En le prenant, Solon eu un frisson, puis il descendit de son bunker. Il était fier d’avoir enfin réussi sa quête, on pourrait enfin faire revivre cette pauvre sayyadina.

Il arriva à son croiseur amiral, entra et démarra les moteurs. Sa radio lui dit : "Alerte, alerte! Commandant Solon, des vaisseaux sont en approchent de la planète, et ce n’est pour une rencontre amical !" Solon décolla avec précipitation.

Le commandant Dark Sidious avait quitté la galaxie et ses planètes étaient maintenant libres et sans personne pour la défendre. Le seul vaisseau présent était celui de Solon et il savait parfaitement que les vaisseaux approchant allaient le considérer comme ennemi.

Il était donc seul face à la vague, il allait devoir être très habile et rapide pour partir, fuir fasse à la masse était sa seule solution. N’ayant pas d’autre solution, il fonça droit devant et ouvrit le feu afin de percer le plus rapidement la ligne ennemie. Les premiers vaisseaux explosèrent et Solon se faufilait à travers le tout. Mais, non, ils étaient trop nombreux, il avait beau lutté et tirer sur tout ce qui bougeait, son vaisseau subissait de grand dommages. Son bouclier magnétique avait cédé mais il avait bientôt traversé la vague. Soudain, il sentit une douleur aux cotes, c’était le tir de trop, Solon était touché. Il vit enfin le bout de ce labyrinthe, son croiseur était toujours là, mais lui risquait de plus l’être pour longtemps.

On vit alors le croiseur lourd prendre de la vitesse, et se diriger en direction du lieu de repos de sayyadinna.

Solon agonisant, entra dans la pièce, il était à bout de force. On le vit alors tombé à terre, le turban taché de sang à la main…



Al-Kashi

Devant l'achèvement des recherches de Solon, la progression de Mata Hari et Thanatos, quoiqu'un peu difficile, parmis les ménadres de la Galaxie, à la recherche de la flaque de Vladok, l'avacement de Chiana, Al-Kashi semblait prendre du retard...

Mais ses troupes de destruction allaient bientôt prendre place en 288, réservant au Yopik une capture soignée et méticulesement préparée. Mais les planètes, peut-être détruites de ce système, ne cachaient plus forcément le Yopik 604... Incluant la possibilité de gravement amocher les croiseurs d'autres commandants pourtant dument prévenus du risque qu'ils encouraient à mettre un pied dans le fameux système, Al-Kashi se risquait quand-même à envoyer ses meilleurs hommes.

Le Maréchal lui-même souhaitait prendre part à la bataille, ses terribles colonnes aéroportées de bombardiers B-174, menaçaient déjà de détruire le peu de défense qu'il devait rester aux planètes. Ses croiseurs étaient prêts à tout raser sur leur passage.

Fut-ce la crainte du Yopik qui le préparait à tant de haine ? Fut-ce la crainte de trouver des planètes décharnées, envahies par des commandants sans srupules ? Comment devait-il poser pied dans le système sans agir avec violence ?

L'ojectif est pourtant clair, il faut absolument récupérer le système 288 dans son intrégralité, sous peine d'arrêter le processus de transformation de la belle Sayyadina.

Depuis la 14e division lourde, Al-Kashi scrutait les étoiles, se demandant ce qu'il était advenu du système 288, source de bonheur intense pour sa femme et lui. La création des Yopiks devrait elle reprendre ? Avec cette fois un contrôle total de la biclônisation.


A l'heure où le soleil d'Arabia se lèvera à peine, la bataille commencera. Le feu brûlera, le sang coulera, mais c'est pour Sayyadina.



Chiana

Voilà une bonne dizaine de jours que les rescapés de la Belle Poule avaient été recueillis par les autochtones. Ceux-ci avaient isolé Chiana du reste de son équipage, elle avait survécu, portée par le Don de Vie de la rebouteuse de bord. A ses questions, les hôtes avaient répondu par le silence et un étrange sourire. Chiana avait été nourrie par les habitants mais jamais elle n'avait pu être entendue par quelqu'un disposant d'un quelconque pouvoir ou, en tout cas, prétendant avoir ce pouvoir.

De guerre lasse, elle avait occupé ses journées à lire les ouvrages mis à sa disposition. Peu d'images, les livres n'avaient été lus que parce qu'elle devait tuer le temps, perdue dans cette magnifique suite. Elle savait qu'elle avait été emmenée dans un réseau complexe de grottes : des ouvertures pratiquées dans la grotte lui permettaient d'observer, dehors, les allers des ouvriers agricoles dans les champs. Cela lui rappelait Libertalia, les Non Voyageurs partaient, eux aussi, chaque jour travailler dans les champs ou les usines. Leurs discussions tournaient invariablement sur les Courses engagées par les Armateurs et le butin attendu. Parfois même, les Non Naviguants organisaient des réunions communes pour fêter une belle prise ou pleurer leurs morts. Comme ici, nul besoin de gardes pour les motiver : tout le monde avait un proche dans un équipage. Il fallait nourrir la population, produire l'énergie nécessaire aux Courses ou, tout simplement élever les enfants.

La quiétude était la même d'une planète à l'autre.

L'un des ouvrages était manuscrit, écrit par Wima, racontant son amour trahi, ses idées, ses réflexions. Ce journal avait été écrit par une personne calme et posée, l'écriture était limpide, particulièrement quand il s'agissait de celle qu'il aimait. Ce livre-là avait attiré Chiana comme le bout de fer par l'aimant. Rapidement, elle passa ses nuits à le lire, dévorant les journées narrées comme elle engloutissait les rapports sur les mouvements des vestiges de l'Organisation Renégate. Elle prenait bien garde à lire plusieurs fois les paragraphes ou Wima parlait de ses sentiments.

Parfois, Chiana ne lisait plus mais elle "vivait" leurs étreintes. Elle se souvenait bien de la scène mais pas de l'avoir lue. Elle sentait quelque chose alors que le Don de Vie de la rebouteuse avait fermé son âme aux sentiments extérieurs. Perplexe, elle demanda à pouvoir rendre visite aux survivants de son équipage, au moins à la Rebouteuse de Bord. Ce souhait lui fut accordé aussitôt.

Sheriza était blessée mais consciente. Chiana posa près de son lit le Journal.

"- Rebouteuse, tu vas mieux, m'a-t-on dit. Tant mieux. Le Don de Vie doit avoir supprimé en moi toute notion de sentiments. C'est vrai ?" "- Chiana, extérieurs, aucun réconfort extérieur ne peut te venir en aide tant que le Don de Vie te maintient en vie." "- Donc, si je ressens quelque chose, cela vient forcément de moi ?" "- Oui."

Chiana sourit et prit la main de la vieille sorcière. Portée par des intuitions jusqu'ici, Chiana venait de comprendre qu'elle était là ou devait avoir lieu la réalisation de sa Quête. Elle visita les autres blessés, bien traités, certains semblaient se plaire ici. On disait que même Parcimony avait gagné les faveurs d'une des infirmières ! Elle fit envoyer une missive aux familles des victimes de l'atterrissage, missive qu'elle rédigea personnellement. Le dernier paragraphe lui venait, inspiration de ses lectures récentes.

"C'est donc l'esprit tourné vers l'aventure, la passion et l'amour que vous lui portiez que ce Pirate a donné sa vie, sacrifice ultime pour le bien de tous. C'est en souvenir de ce Pirate que je tourne mes efforts vers la réalisation d'une grande Course que l'on chantera pendant longtemps dans les tavernes libertaliennes. La Liberté a un prix dont Libertalia doit s'acquitter."

Dans quelques heures, sur Libertalia, quelqu'un racontera l'histoire d'un Pirate mort en servant Chiana sur son propre vaisseau, la Belle Poule. Le rhum coulera et l'on finira par danser le soir sur la plage. Dans les tavernes, les Pirates retraités sortiront à nouveau leurs rumeurs venues de "quelqu'un qui connait quelqu'un qui connait quelqu'un qui lui aurait dit que ...".

Quant à elle, Chiana se replongea dans la lecture du journal de Wima.



Al-Kashi

Mes amis !

Le système 288 est à présent nôtre !

Nous avons récupéré toutes les planètes sacrées ! Sayyadina va pouvoir enfin débuter sa renaissance. J'attends vos résultats ! J'ai terminer mon travail.

Mais comment va-t-elle renaitre ? Sous quelle forme ?

A vous !



Néo Dracula

Je suis heureux de la bonne nouvelle!

Al-Kashi, je vous avais fait part de mes problèmes concernant des délits de la part des Yopiks sur ma planète natale?

Et bien sachez que le problème a été résolu quelques heures plutôt, en effet, mes scientifiques ont découvert le moyen de m'en débarrasser, ils ont fabriqué une console (dont la conception est plus que complexe) qui permet de désactiver à distance ces biclone.

Mes scientifiques seront bien entendus récompensés comme il se doit.

Hum...je sais déjà sous quelle forme Sayyadina s'est ressuscitée, et où...

Eh oui, mes yeux ont décidement un grand champ de vision...



Mata Hari

Vous le saurez bientôt !

Dès que j'aurai atteint les sommets enneigés de Vercors et retrouvé ce fichu bilboquet, mais ce vieux pervers qu'est mon père n'est toujours pas revenu !



Chiana

Les autochtones avaient décidé d'emmener Chiana hors des grottes. S'habillant pour se protéger du soleil de la planète Lalande, elle prit soin de se munir de son couteau. On ne savait jamais ...

Elle prit place dans un véhicule tout terrain qui prit la direction des plaines toutes proches. Avec elle, il y avait 5 individus toujours aussi silencieux. Ils ne lui parlaient pas mais lui présentaient des messages écrits dans la langue diplomatique. Simples et directs, ils restaient pourtant courtois. Sur le chemin, elle croisait des paysans courbés dans leurs champs. Au passage du convoi, ils se relevaient et regardaient dans sa direction. Chaque visage respirait la quiétude, les regards étaient perçants et tous la dévisageaient avec curiosité. Dans les villages, les enfants jouaient à courir après le camion sur quelques mètres. En courant, ils faisaient signe de la main à Chiana et lui souriaient. Quand le véhicule était hors d'atteinte, celui ou celle qui avait tenu le plus longtemps était congratulé par ses amis. Les jeux d'enfants étaient si simples ...

Après deux heures de route, le groupe arriva devant une propriété assez vaste. Une balançoire et quelques tourniquets avait été installés dans le jardin après l'entrée. Ils semblaient pourtant si vieux, si usés. Par gestes, les 5 inconnus incitèrent Chiana à entrer. Elle fit quelques pas hésitants dans le jardin. Elle s'approcha de la balançoire et la toucha de la main.

Le flash fut instantané.

Deux fillettes se balançaient en riant. L'une avait la peau d'un bleu très clair, l'autre avait la peau plus blanche, plus crémeuse dans sa couleur. Elles jouaient à aller le plus haut possible, comme beaucoup d'enfants et elles étaient arrivées au moment où, justement, ça commence à faire peur. Quelques cris de surprise s'interposaient entre leurs rires, pourtant aucune ne semblait vouloir stopper ses efforts. Pour mieux se défier, elles se regardaient, se surveillaient.

Un rire vint du perron. Un homme en tenue locale se tenait debout à les regarder. Il portait un pakol marron et une petite barbe brune. Il avait à la main un bloc mémoire avec les derniers compte-rendus de la journée. Les cris des fillettes l'avaient arraché à sa guerre ou à l'un de ses discours et il était venu les voir, sans plus d'inquiétude que l'envie de penser à autre chose pendant quelques minutes alors que la Galaxie brûlait. Chiana savait qu'elle n'était que la témoin de la scène.

Jusqu'à ce que Wima lui fasse signe d'entrer dans la maison. Son sourire était franc et large, montrant ses dents blanches. Perturbée, Chiana comprit qu'elle était la petite fille à la peau blanche, que Wima était sans doute son père. Ce flashback, les récentes lectures, les souvenirs qui revenaient, tout la menait dans cette pièce. Wima retourna dans la maison et les fillettes s'étaient maintenant immobilisées pour la regarder fixement. Si la fillette à la peau blanche la regardait avec inquiétude, l'autre lui souriait. La petite fillette à la peau bleue lui dit :

"- Entre et sauve-moi".

Chiana entra, troublée plus qu'elle ne voulait bien l'admettre.




Chiana

Entrant la peur au ventre, Chiana écarquilla les yeux. Cette pièce lui rappelait de longues soirées, passées en famille. Les deux soeurs jouaient dans ce salon, dormaient sur ces coussins quand leur père travaillait ou donnait des ordres. L'escalier qui mène au premier étage avait été le lieu des gadins des fillettes. Parfois, elles simulaient les chutes pour qu'il vienne les consoler quelques minutes. Elle se souvint aussi de l'ami de leur père, cet homme bedonnant et barbu qui irradiait la pureté sauvage du soldat prêcheur ... Du petit homme(?) vert aux paroles bizarres parlant sans cesse de ses castors lapons ... De cette femme ... toute bleue ... qui aimait leur père ! Cette mère qu'elle ne voyait guère dans ses souvenirs ou si peu ! Pourquoi cette absence ?

Chiana revit Wima qui regardait fixement l'hologramme de Sayyadina, serrant son pakol. Elle comprenait maintenant cette tristesse. La Trahison avait été le fruit insidieux de la graine de la Discorde, de la Politique, du Pouvoir et de l'Idéologie. Wima avait tellement aimé Sayyadina avant, pendant et après cette Trahison ! De Lalande, il avait mené la Lutte de "Ceux qui marchent vers l'Homme Nouveau" avec le coeur déchiré. Quand leur Grand Départ fut organisé, il avait hésité à quitter cette planète car sa douce maîtresse pouvait encore revenir ici pour lui.

Enfant, elle était passée à côté de cette tristesse. Leur père avait pris soin de garder en lui, accumulant la tristesse sans pouvoir espérer l'évacuer d'aucune façon. Il avait trop de responsabilités, il devait éclairer trop de Commandants dont l'esprit errait sans réelle conscience politique. Le temps lui avait manqué pour la garder près de lui mais aussi pour la reconquérir. La guerre et la politique avaient tué son amour et séparé sa famille.

Le Pakol traînait sur la table quand elle reprit conscience d'être là. Tout l'amour paternel était représenté par ce couvre-chef dans son esprit. Des larmes coulaient sur les joues de la Pirate. Elle comprenait toute l'imbrication des événements et l'urgence de la situation de sa Soeur. Chiana prit le Pakol et sortit de la pièce. Elle retrouva les autochtones qui avaient maintenant baissé leurs capuches en l'attendant.

Pour la première fois, l'un d'eux lui parla :

"- Maître Wima a beaucoup souffert ici, il a aussi beaucoup aimé. Votre mère comme vous, ses filles. Tu étais la plus jeune, Chiana, donc celle qui a le moins eu conscience de se qui se passait. Il se peut que ta Soeur souffre de cette période malheureuse. Il faut la sauver : il ne faut pas laisser se reproduire les erreurs du passé. La Guerre et l'Idéologie ont déchiré la Galaxie au lieu de la tirer en avant. Nous allons te raccompagner auprès de ton équipage et de ton vaisseau, Chiana. Il est réparé et nous avons standardisé beaucoup d'équipements dessus car c'était un vrai capharnaum. Tu dois faire vite. L'Heure est maintenant proche où la Galaxie se déchirera pour le contrôle du Pouvoir. Il y a suffisament de Commandants cherchant à maîtriser un petit bout de pouvoir dans la Galaxie pour déclencher une nouvelle guerre illimitée. L'Homme tire le plus d'enseignements de ces erreurs mais refuse toujours de les reconnaître si un charnier ne résulte pas de sa folie."


(PS HRP : merci Wima pour l'aide !)



Chiana

        • Au-dessus de Libertalia, le Croiseur Lourd Amiral de Chiana, le "Pelvic Thrust" subissait son dernier check-up avant de quitter le système pour son voyage inaugural. En fait, Chiana faisait le compte des travaux encore en cours et non terminés. Parcimony et Abonessain installaient les derniers branchements de la sono du vaisseau."Pas de musique, pas de vol" disait la Loi Pirate. Les derniers raids des pirates libertaliens avaient permis de mettre la main sur ces mastodontes hyperspatiaux. Renforcé et complété, l'ancien équipage se familiarisait avec leur nouveau vaisseau, ce qui signifie qu'ils ajoutaient des trucs et des bidules partout. Le chef canonier avait fait ajouté de vieilles bombardes à énergie pour renforcer l'impression de peur quand le vaisseau fondrait sur les VME de l'Organisation Renégate ou de leurs clients et complices.

Depuis son retour de Lalande, Chiana, la Beauté Pirate, était parvenue à confier le Pakol de Wima à Mata Hari. Elle avait aussi volé quelques heures à ses obligations pour cajoler son Beau Vampire. Elle se souvenait de ses moments de pure plénitude quand son mécanoïde traversait les systèmes et qu'il l'aimait. La matinée avait été consacrée à la Garde Rouge Tantrique. Les escadres de combat étaient formées, les gardes du corps avaient été sélectionnés par l'oeil aguerri (et un peu jaloux !) d'Al-Kashi. Ce dernier avait été surpris par la présence de guerriers chèvres dans ce corps d'élite mais l'oeil attendri et triste de Chevrozer l'avait persuadé de les accepter. Sur la Passerelle de Commandement, Abonessian tentait de fixer la sono du vaisseau en la frappant à coup de pieds pour qu'elle entre dans son logement. Parcimony pariait avec les techniciens proches sur le nombre de coups de pied nécessaires pour que la sono soit fixée. L'état d'épuisement d'Abonessian indiquait que la tâche était bien rude mais il fallait bien une sono !

Elle passa rapidement au Poste de Contrôle Tactique. L'équipe recevait les données de l'Oeil de l'Aube, l'Impératrice Mata Hari. Le programme de réception triait ensuite les données concernant uniquement les guildéens de la Galaxie. Elle s'amusa de voir leurs efforts pour s'armer. En partant, elle adressa un sourire d'encouragement à ses pirates. Elle passa dans son bureau pour surveiller les livraisons des armements et des munitions à ses vaisseaux. Elle jeta un oeil sur l'Assemblée Galactique. Quelques appels stériles encore, ne proposant que la souffrance pour acquérir une Liberté qu'il suffisait d'accepter. Toujours les mêmes demandaient les mêmes choses : de beaux petits commandants servant de chair à canon pour protéger les pontes, ceux qui voulaient avidement retrouver un poste officiel, un bout de pouvoir. Mablane, toujours candidat à tous les postes, toujours l'auguste représentant de sa Coalition quand il s'agissait d'écrire son nom quelque part. Les Services Techniques de l'Assemblée Générale s'étaient souvent plaints des autocollants qu'il déposait après ses passages où on lisait : "L'OPU, la Coa qui te veut !". Chacun était libre, libre même de prendre la voie du Néant, celle qui ne peut mener qu'au vide de l'esprit et à la mort de l'imagination.

Chiana envoya un bisou holographique à Néo Dracula. Il lui manquait déjà ... Pendant un court instant, elle eut un petit regard triste. Mais elle pensa en avance au prochain rendez-vous qu'ils auraient. Elle mettrait sa tenue transparente de couleur rouge vive. Avec ses bottes en cuir noir, elle était irrésistible.

Elle appuya sur le bouton de communication et ordonna au "Pelvic Thrust" de faire route vers sa destination. L'Aventure était à portée de main, elle allait la saisir.



Mata Hari

Cela faisait des heures, de très longues heures, que Mata attendait le retour du vieil ivrogne.

Elle savait que les jours et les nuits sur Vercors suivaient le temps d’un autre fil. Elle avait l’impression d’avoir passé des semaines ETU à rechercher Fridolin, alors que les deux lunes de Vercors avaient à peine varié d’un cadran depuis son arrivée.

Dans sa retraite, perdue dans la forêt que surplombait le Grand Veymont, elle se consacrait à la méditation tantrique, et cherchait à entrer en contacts avec les mouvements de l’univers afin d’être en communion avec les évènements qui se déroulaient au même moment à l’autre bout de la galaxie.

Son esprit voyageait dans l’espace-temps, lorsqu’elle atteint l’état de transe qui précédait l’ouverture de l’Oeil de l’Aube. Et soudain, elle vit :

La jeune femme à la peau couleur de Voie lactée avait abouti dans sa Quête. Chiana était heureuse, souriante, et s’empressait de rejoindre le Red Proletarian un vieux foulard à la main.

Al-Kashi était aux côtés du Yopik, qu’il avait capturé puis éduqué, afin qu’il puisse vivre à nouveau parmi ses semblables.

Solon allait et venait dans les couloirs de l’assemblée, portant fièrement le turban de Mac Polar II qu’il ne quittait plus désormais.

Vincenzo Rimi et son aïeul Thypheros avaient fait don des œuvres complètes d’AlphonseHubert à la grande bibliothèque de l’Empire des Sens sur Newdeun, que les jeunes militants s’empressaient de consulter.

Presque tous avaient accompli leur mission, presque tous étaient prêts pour la Grande Réconciliation. Il manquait encore le fameux bilboquet clouté que Mata devait trouver.

Mata Hari dirigea ensuite l’Oeil de l’Aube en direction de Sayyadina. Or elle ne pu sentir le souffle de cette douce enfant qu’elle avait connue. Une mutation s’était opérée qu’elle ne comprenait pas. Elle sentait désormais une grande énergie émaner du corps de son amie, une énergie débordante, une énergie explosive, faite d’amour mais aussi de haine, faite d’Eros comme de Thanatos.

La Grande Réconciliation était en danger. Il fallait que Mata se hâte. L’aura de Sayyadina menaçait de muter en quelque chose de terrible…le passé risquait de détruire l’équilibre présent.

Sans plus attendre Fridolin, Mata sortit de la cahute, et entreprit de suivre seule la prophétie et de partir à l’ascension du Grand Veymont à la recherche du Bilboquet…



Mata Hari

Mata Hari utilisait l’énergie du Red Tantra pour s’orienter dans la montagne enneigée dont elle pouvait à peine distinguer le sommet.

Les Sens guidaient sa route.

Elle s’infiltra tout d’abord dans une haute forêt d’épineux, où régnait un silence total. Elle s’enfonça dans l’ombre des bois, et bientôt ne pu plus distinguer ni un rayon de soleil ni un coin de ciel bleu par delà les cimes. Elle avançait à l’aveugle, se glissant tant bien que mal entre les branches, dans une végétation plus dense et plus hostile à chaque pas. Tout cartésianisme devenu inutile, elle se fiait à une toute autre logique, bien plus forte, l’instinct de survie.

Après des heures de marches, Mata Hari parvint à apercevoir au loin, l’espace d’une seconde, le sommet du Grand Veymont qui brillait sous le soleil au zénith.

Or, que cette lumière semblait loin !

Poussée par l’amour universel tantrique, elle trouva le courage de continuer l’ascension. Elle chuta de nombreuses fois dans les glaces de Vercors, et plusieurs fois se releva. Elle faillit plusieurs fois s’abandonner à la douce morsure de la neige et se laisser mourir dans des rêves de glace.

Dans un de ces moments de désespoir, Mata étendue dans la neige, s’attendant à voir surgir l’ange de la mort prêt à l’emporter, s’assoupit peu à peu. Elle vit alors l’Oeil de l’Aube revenir de l’Autre Versant. Elle le vit tournoyer, lentement, survoler un corps, le corps inerte d’une femme, une femme au turban rouge sang, une femme allongée dans la neige, vers qui menait une trace de pas, une trace de pas d’homme, d’homme qui allait vers les sommets.

Elle se leva d’un bond, oubliant ses membres ankylosés par le froid, son estomac criant famine, et ses poumons menaçant d’imploser.

Il était là, à portée de main.

De rage et d’espoir, Mata Hari reprit sa route, suivant les traces qui apparaissaient l’une après l’autre devant-elle, lui montrant le chemin.

Elle du encore affronter le blizzard, les crevasses sans fond, se battre contre démons, dahus, yétis et autres crétins des alpes pour enfin arriver au sommet.

Il était là, devant-elle.

Son père, ce vieux fou, souriait tranquillement assis dans la neige, jouant avec un immense Bilboquet clouté. Fridolin, que le manque d’oxygène et l’abus de stimulo avaient rendu plus qu’ivre, bavait en regardant Mata Hari, vétue de son seul turban rouge, arriver jusqu’à lui.

Il n’eut pas le temps de voir son geste, tout occupé qu’il était à regarder ses courbes.

Elle attrapa le bilboquet serti de clous et fracassa le crâne de son père d’un coup sec.

Elle abusa une dernière fois de la virilité paternelle que nulle blessure n’aurait su amoindrir, puis partit sans se retourner en direction du Red Proletarian, afin de procéder enfin à la Grande Réconciliation.

Quand au vieux, s’il avait traversé une apocalypse divine, il survivrait bien à quelques fractures administrées avec tout l’amour filial qu’une ramouflette puisse offrir.



Chiana

Le Croiseur Lourd Amiral, le "Pelvic Thrust" revenait des limbes entourant la Galaxie connue. Lors de la prise de la capitale de Sam Sagace, les Pirates de Chiana avaient trouvé une carte au trésor numérique. Délaissant les petites "affaires" courantes, l'équipage avait mis le cap sur les coordonnées indiquées. Trois semaines complètes avaient été nécessaires pour venir à bout des dangers rencontrés. L'équipage était épuisé après des journées complètes aux postes de combat. La planète cible était protégée par un système défensif redoutable et la coque portait les traces des combats livrés contre les SPAT établis sur place.

Parcimony et Abonessian dormaient sur leurs consoles de tirs. Comme 75% de ses Pirates, ils dormaient à leurs postes. Les artilleurs ronflaient, le doigt sur la détente de leurs canons. Elle-même se sentait lasse et usée, presque ... vieille, il était urgent de retrouver Neo Dracula : elle avait bien besoin de sentir ses bras autour de ses épaules. L'expédition avait été rude et la magnifique robe rouge vif de Chiana avait subi quelques accrocs sévères : des traces de brûlures, des traces de sang. Son visage était un masque sur lequel un petit sourire trônait !

Les soutes étaient pleines des trésors ramassés. L'équipage avait déjà calculé les parts à distribuer et les hommes jouaient déjà ce qu'ils n'avaient pas encore perçu !

Chiana souriait malicieusement en pensant au succès de cette expédition : les gains étaient énormes et l'ordinaire serait bien amélioré pendant à bord du "Pelvic Thrust" et elle allait faire ajouter des colonnes de bois précieux dans ses appartements et inviter les Red Tantra à une soirée "hors normes" à bord, ce type-même de soirée qui ferait hurler les bigots de l'Assemblée Galactique.

Les Red Tantra lui manquaient vraiment, Neo Dracula allait devoir lui consacrer une nuit ou deux en urgence. Elle avait pris connaissance des dernières nouvelles de la Galaxie et de l'Empire des Sens.

Le Croiseur Amiral fonçait dans l'espace, perdant son combustible dans son sillage.

La radio annonça un message entrant : " Ici Contrôle au Sol, Pelvic Thrust, Pelvic Thrust, signalez qui est à bord. Nous activons nos radars de visée."

Chiana prit le micro et répondit :

" Contrôle au sol, l'Autorité à bord est Chiana, la Plus Belle des Pirates, la Red Punisher de la Garde Rouge Tantrique. Ouvrez le feu sur mon vaisseau et je vous ouvre le ventre une fois au sol. Oui, vous entendez bien : Chiana est de ... retour."