De la démocratie dans la Galaxie : Différence entre versions

De Apocalypsis
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AlphonseHubert disparut comme il avait apparu, mais nul ne doutait, parmi les commandants qui reprenaient à peine leurs esprits, qu'ils allaient bientôt le revoir mener la bataille idéologique dans cette arène de la démocratie galactique.
 
AlphonseHubert disparut comme il avait apparu, mais nul ne doutait, parmi les commandants qui reprenaient à peine leurs esprits, qu'ils allaient bientôt le revoir mener la bataille idéologique dans cette arène de la démocratie galactique.

Version du 13 février 2006 à 00:27

Peu après le coup d'Imothep et des ultrèmes, qui disloqua la Corporation Bleue et plongea la Galaxie dans une longue guerre, AlphonseHubert prononça à l'Assemblée Galactique le discours suivant, relayé ainsi par les journaux de l'époque :


Depuis plusieurs jours, d'innombrables commandants déboussolés avaient envoyé des communications privées à AlphonseHubert, qui jusqu'à présent étaient restées sans réponse. Quelle allait être sa position dans la Galaxie ? Allait-il tenter de rejoindre celui qui avait jadis été son allié ? Allait-il encore une fois participer à l'Apocalypse ? Personne ne pouvait réellement y croire, tant il avait changé, tant il inspirait maintenant confiance et respect.

Ainsi, lorsqu'il apparut à la Tribune de l'Assemblée, c'est la Galaxie entière qui retint son souffle. Personne ne l'avait vu arriver, mais son entrée sembla se propager telle une onde de choc pétrifiante dans les gradins. Même les divins laissèrent de côté la baballe pour laquelle ils se chamaillaient afin d'écouter le discours qu'AlphonseHubert allait sans aucun doute prononcer.

Or, contrairement à son habitude, le tribun ne s'adressa pas aux commandants. Sa voix majestueuse se leva, et sembla abolir le temps pour mieux remplir l'espace, mais elle apparut aux commandants comme une voix intérieure. L'assistance comprit qu'au lieu d'un appel solennel ou d'une prise de position officielle, c'était des réflexions les plus profondes d'AlphonseHubert qu'il s'agissait, et que celui-ci venait livrer, sans doute par habitude, à l'Assemblée. Peut-être aussi était-ce l'assurance d'être écouté qui fit négliger son public à l'homme qui avait maintenant commencé à parler.

Si ce qu'il disait n'était visiblement point écrit - autre différence notable d'avec ses interventions habituelles - chaque parole avait visiblement longuement mûri dans son esprit, ce qui expliquait sans doute la longueur de son absence.

Rendant au Verbe son essence proprement divine, la voix d'AlphonseHubert, si envoûtante, fit sombrer les commandants dans une sorte de torpeur submergeant les corps et les esprits. Seul existait maintenant la Parole. Celle d'AlphonseHubert.



"Une Constitution républicaine dont on a beaucoup exagéré les vices, mais dont on n'a jamais assez célébré les vertus et, entre autres, le mérite qu'elle a eu dès le premier jour de réduire à l'impuissance les fauteurs de restauration monarchique, de quelque nom qu'elle fût affublée, une constitution avait été donnée à la Galaxie. Gardée par la Corporation Bleue, elle s'était imposée au patriotisme des uns comme aux fermes espérances des autres, elle avait jugulé les ambitions exagérées de tous. Tous les bons citoyens lui devaient, et lui témoignaient de bon coeur le respect. Cette constitution avait la double force qui tient à la vérité et à la tradition, la force toute puissante dans le règlement des affaires humaines : la nécessité et le droit.

Oui, messieurs, la nécessité et le droit, à telles enseignes que, le jour même où elle a été votée, on vit les représentants de la plupart des anciens partis apporter leur vote à côté des votes républicains. Toutefois, il en est qui laissèrent tomber ce vote dans l'urne sans l'expliquer, car toute explication sur leurs arrière-pensées ou leurs projets ultérieurs n'aurait pu être qu'un mensonge ou un parjure que le pays n'aurait toléré. Combien qui l'acclamaient ne rêvait secrètement que de la détruire ?

Le suffrage universel, conformément aux objectifs de la Constitution, fut enfin convoqué. La Galaxie, encore aux mains des derniers survivants de l'ordre moral, encore sous le joug de tyrans hostiles à la République, sous la contrainte administrative et sous la pression officielle qu'ont révélées et stigmatisées les vérifications de pouvoirs, la Galaxie, à moitié libre mais résolue à user de ce qu'il lui restait de liberté, rendit, dans trois scrutins mémorables et décisifs, un arrêt qui fut comme la ratification de la Constitution, et qui fut certainment l'acclamation de la République. Par l'élection, libre et légitime, des trois représentissimes, c'est le projet entier de la Constitution de la Corporation Bleue que s'appropria la Galaxie.

Mais il existe dans notre Galaxie une poignée d'incorrigibles petits-maîtres de la politique qui, toujours battus et jamais lassés, qui, incessamment refusés par le suffrage universel et refoulés par l'opinion, cherchent avec obstination à se dérober aux conséquences de leurs fautes, à échapper aux suites de l'adversion qu'ils inspirent. Ils reviennent sous toutes les formes, reniant tout leur passé, foulant aux pieds toutes leurs doctrines, ne tenant compte ni de leurs écrits ni de leurs discours antérieurs, ni de leurs plus récentes déclarations, se jetant à corps perdu dans la lutte. Contre qui ? Mais, contre la démocratie galactique !

Messieurs, il faut le dire, ces hommes qui n'étaient pas au pouvoir, qui n'y étaient plus, après les trois scrutins fondateurs, sont restés cachés derrière le pouvoir, et, quand nous dénoncions une sorte de gouvernement occulte, quand nous disions que les représentissimes qui avaient la confiance de la majorité étaient des ministres sans liberté d'action, parce qu'ils se heurtaient on ne sait à quelle puissance mystérieuse et latente dont nous sentions partout l'action et la présence, on nous traitait de visionnaires, on nous regardait comme des esprits chagrins, comme des gens sans vues politiques, et on nous considérait comme des propagateurs de fausses nouvelles.

Un jour est venu, où ce gouvernement a levé le rideau, et alors on vit les mêmes gens autrefois rangés en ordre autour du pouvoir, avec toute leur clientèle prête à leur obéir. L'accès des plus hautes fonctions de la Galaxie leur a été ouvert, consciemment ou non, par le GalacMac, ils sont rentrés tous par la même porte, traînant derrière eux le même cortège.

Quelle pensée politique persistante anime donc ces hommes qui se sont décerné à eux-mêmes le nom d'ultrémistes ? La voici, messieurs. Ces hommes n'ont jamais voulu se résigner au triomphe pacifique et légal de la démocratie galactique. Ils n'ont jamais consenti, malgré la majorité, malgré les votes réitérés de la Galaxie, qui avait réussi, à travers les mailles serrées du filet qui l'oppressait, à exprimer sa volonté, ils n'ont jamais voulu tenir aucun compte de cette volonté populaire, devant laquelle toutes les volontés individuelles doivent se courber.

Nous constatons encore une fois, avec la même amertume, que la Galaxie ne semble pas prête pour la démocratie. Aussi, mon peuple a-t-il décidé de se retirer sur ses propres territoires, afin d'y développer la démocratie, et que son éclat illumine la Galaxie aujourd'hui assombrie par le retour de la dictature et de la guerre.

Mais croyez-le, messieurs les tyrans, lorsque la Galaxie fera entendre à nouveau sa voix souveraine, alors il faudra se soumettre ou se démettre."



AlphonseHubert disparut comme il avait apparu, mais nul ne doutait, parmi les commandants qui reprenaient à peine leurs esprits, qu'ils allaient bientôt le revoir mener la bataille idéologique dans cette arène de la démocratie galactique.