Le Dernier Pélerin
première partie de Grabeuh +22 RD
Un vaisseau se posa devant un batiment bien connu, car il avait été le centre névralgique de la galaxie pendant de longs mois, et était maintenant laissé à l'abandon, tel une vulgaire église oubliée par ses fidèles.
Grabeuh aimait se prommener le matin dans les couloirs du Palais des Plaisirs. Ce monument avait été laissé tel quel depuis le départ des Red Tantras et personne ne pensait même à y faire le ménage. Il était condamné à disparaitre sous la poussière, tout comme le souvenir de la puissance passée de l'Empire des Sens et surtout comme les valeurs qu'il avait apporté aux peuples. Au fil de son chemin des couloirs rouges aux peintures délavées, il arrivait dans la nef de la Grande Chapelle, celle qui avait acceuillie l'Orgie Finale, l'accomplissement ultime du tantrisme : le départ pour le Nirvana. Grabeuh y était, il se souvenait de toute l'énergie qui s'était dégagée à ce moment là. Et il se mit à pleurer. Voir un protoss pleurer est exeptionnel, leur fierté et leur orgueil rendant la chose tellement rare que seuls trois protoss ont montré leur tristesse à ce jour.
Oui, Grabeuh s'en voulait de ne pas être parti, de ne pas avoir rejoint ses amis, les premières personnes qu'il avait considéré comme sa famille. Désormais, O-R-I-G-I-N-E le comblait, il considérait chacun de ses coalisés comme un de ses enfants, voire même comme ses frères et soeurs, mais il avait toujours cette petite pointe dans le coeur, cette sensation d'avoir perdu quelque chose qu'il ne retrouverait jamais. En fait, ses Quinze Tonnes Célestes préférées lui manquaient cruellement, il se demandait parfois s'il faisait les bons choix, s'il allait dans la bonne direction. Il aurait bien aimé avoir toujours son/sa Janus-Jana pour lui donner des conseils, pour le guider comme avant.
Il aurait aimé avoir cette présence près de lui, cette sensation de prendre les bonnes décisions, de continuer à suivre l'enseignement tantrique qu'il avait toujours défendu : le plaisir et l'amour de son prochain, la volonté d'avancer, d'innover et de changer le monde. Car pour lui, c'était indéniable, le tantrisme avait changé la face d'Origine et avait transformé les mentalités. Mais leur départ avait encore plus changé les esprits. Certains s'étaient rammollis, d'autres étaient devenus plus forts, avaient gagné en assurance, et d'autres finalement ne pensaient pas avoir changé, restant l'égal d'eux-mêmes. Grabeuh, lui était un peu tout à la fois. Autant, il sentait une nouvelle force en lui, une volonté nouvelle qu'il n'avait jamais senti auparavant. Il était prêt à bouffer tout ce qui se mettrait sur son chemin et l'empécherait de continuer sa vie comme il le sentait, mais d'un autre côté, il avait de plus en plus peur de faire les mauvais choix et aurait voulu plus que tout sa Mata Hari à ses côtés, juste pour lui sourire et le rassurer. Alors, finalement avec la réunion des deux, c'était comme s'il n'avait pas changé.
Il s'approchait tous les matins de la statue de cette dernière. Une immense sculpture qui commençait à s'effriter, comme une déesse à laquelle plus personne ne croirait. Au fil des jours, les herbes folles venaient envahir la pièce, les différentes statues commençaient à se recouvrir de lierre, donnant une ambiance encore plus mystique à l'endroit. Un petit air de temple abandonné, où le temps et la nature avaient fait des ravages pour punir les hommes de leur oubli.
Grabeuh devait être un des derniers à venir prier devant cette statue. Il y déposait chaque jour une petite bougie rouge, au milieu d'un petit bol d'encens parfumé à la rose. Il aimait passer du temps près de celle qui lui avait montré la voie vers l'amour d'autrui. Il s'endormait sur un petit carré d'herbe qui avait poussé. Etait-ce le Nirvana qui commençait à prendre sa place dans le monde materiel, pour commencer à retarder la décadence et la fin ? Il n'en savait rien et s'en fichait bien. Dans ces moments là, il se reposait et ne pensait plus à rien. Il oubliait se qui se passait et méditait pendant des heures.
La politique, la guerre, la corruption et les magouilles, que le diables les emporte. La galaxie avait oublié un peu trop vite ce qu'on lui avait enseigné...
deuxième partie de Wensicia Corrino +16 RD
En déambulant dans les couloirs de l'Assemblée Galactique, Wensicia vit Grabeuh se recueillir dans le Palais des Plaisirs. Elle remarqua aussi les larmes versées en souvenir de ceux qui avaient réellement marqué la Galaxie. Les Reds T étaient partis tandis que Grabeuh avait, en hommage, organisé un concert géant après l'Orgie. Wensicia ne put s'empêcher de noter la loyauté de Grabeuh, toujours fidèle à Mata Hari, l'égérie des Reds, leur âme voluptueuse ... D'autres en étaient encore à donner corps à leurs mensonges pour mieux expliquer la lâcheté qu'ils avaient arboré lors de l'Empire des Sens. Si Grabeuh pleurait, si le Barde Tantrique regrettait des absences parmi l'Assemblée, c'est que les temps actuels étaient encore la proie des fausses idées, des mensonges, du retour de quelques braillards qui n'avaient jamais rien appris de l'expérience vécue. Elle devait réveiller la Foi de celui qui représente encore l'Empire des Sens et son faste. Elle fit signe au Sardaukar de surveiller les couloirs et entra seule dans le Palais des Plaisirs.
Elle avança doucement jusqu'au protoss et mit sa fine main sur son épaule.
"Grabeuh,
Pleurer le Passé ne sert à rien, si ce n'est à y prouver ton attachement et à reconnaître que ton âme fut forgée par des individus dépassant la médiocrité de ceux qui, aujourd'hui, s'inventent un joli passé de résistants. Cet Empire fut merveilleux car il a dépassé les cadres guindés des mollassons qui hantent encore ces murs ... Regarde cette Statue de Janus-Jana : les lierres et les herbes folles soulignent aujourd'hui sa plus grande réussite, celle incroyable d'être devenu une Légende. Tous les anciens Reds Tantras sont des légendes : Galactor, Toi, Général Straken, Macastril au même titre. J'en oublie forcément certains et, contrairement, aux propos tenus par certains, les derniers Reds sont peu nombreux mais sont riches de l'expérience de ce régime qui enseigna, au prix fort, la Liberté à cette Galaxie.
Pleures-tu parce que tu crains de ne pouvoir égaler leurs lauriers ? Pleures-tu leur Départ ? Ce départ était pourtant celui de la Réussite Ultime, l'avénement d'une politique, d'un art de vivre, d'une discipline qui fut "de fer" parce que les Reds se l'imposaient eux-mêmes ? Je parle des vrais Reds, pas des soit-disants espions qui n'ont fait que jouer le rôle de potache et de tapisserie.
L'Empire des Sens a montré qu'il n'existe qu'un seul et unique moyen d'être libre. Que cette lutte était constante et qu'elle impliquait d'accepter beaucoup de sacrifices au profit de ses Frères, de ses Soeurs, au profit d'un groupe soudé, d'un groupe motivé et d'un groupe éclairé par les fastes de sa propre existence et de ses propres réussites.
La leçon est Reds n'est pas si difficile à retenir ni même si difficile à copier.
Les Reds sont au Nirvana ? Il en reste encore pour nous rappeler cette Chevauchée Héroïque qui emporta la Galaxie en moins de 24 heures. Pour nous rappeler qu'à croire aux illusions, on finit par prêter le flanc aux malheures et à baisser notre garde.
Pleurer le Passé doit maintenant te donner la force de travailler pour l'Avenir, un Avenir libéré des mensonges et des faux semblants. La Gloire de l'Empire des Sens est maintenant éternelle parce qu'elle est devenue légendaire. Tes larmes doivent te guider vers une vraie solution qui ne passera pas par une résurrection intempestive. La première leçon des Reds est justement de nous avoir montré que la Volonté, le Don de Soi et la Recherche du Plaisir mènent à la réussite la plus brillante, la plus totale, la plus ... impériale.
Nous avons échangé des Maîtres ayant dompté tous les aspects de cette Galaxie contre de bien mauvais compagnons. Le Grand Départ fut une Bénédiction pour ceux qui se levèrent contre l'Empire des Sens et ils furent, dans les actes, si peu nombreux ... Je me souviens de Tyrian, luttant avec l'énergie du désespoir. Les autres ne furent que les témoins privilégiés de leur propre déchéance. Le Grand Départ fut aussi une Malédiction : quelques naïfs croient encore qu'ils auront un rôle à jouer, méprisant l'Imagination de l'EMpire des Sens, méprisant l'intelligence de cette Assemblée en revendiquant une Egalité qui n'a aucune Réalité. Les mêmes fantômes répètent les mêmes phrases creuses comme William, Wes Trebor, Largo III et autres "résistants" qui n'ont aucun ennemi, à part leur propre maladresse, leur propre désorganisation et leur incompréhension des réalités de cette Galaxie.
Je les regrette, moi aussi, malgré l'avènement de l'Imperium et les ralliements obtenus à cette cause. L'Honneur de servir ses Frères, la Force de protéger ses Convictions n'existent plus : regarde le nombre de Commandants promettant un régime de rêve alors qu'ils sont incapbles de défendre leurs propres possessions ? Regarde le nombre de propositions reposant sur le concept inique de l'égalité entre les chefs d'Etats de cette Galaxie ?"
Effleurant la Statue, Wensicia plongea son regard dans celui du Protoss torturé.
" Nous avons tous la force de bénéficier de leurs enseignements. Il faut juste avoir le courage de vivre ses rêves jusqu'au bout, dans l'Honneur et le Respect de tes valeurs, Grabeuh. La Main de Fer n'a jamais empêché de caresser une joue ou un visage. Tu as cette opportunité sacrée de marquer l'Histoire de l'Humanité : sacrifieras-tu cette chance inespérée pour faire frémir quelques inconscients s'imaginant qu'exister suffit pour s'imposer ? La vendras-tu à quelques hommes de pacotille rêvant d'être juste élus par d'autres ? La laisseras-tu à ceux qui ne sauront rien en faire de bien parce qu'ils sont perdus dans le labyrinthe de l'Assistanat ?
Tu veux être digne de cet Empire ? Digne de ceux qui le firent vivre à partir de rien, renversant les obstacles les uns après les autres par la seule force de l'Amour qu'ils se portaient et par la recherche d'un Plaisir réel et entier ? Oui ?
Il n'y a qu'une seule solution pour y parvenir : Grabeuh, tu dois voir grand, tu dois bâtir sur des fondations saines et sûres, tu dois trouver des Compagnons, de nouveaux Preux, comme disait Chiana, tu dois avoir un programme, tu dois agir, penser et imposer l'envie de revoir une Galaxie florissante et heureuse. Tout compromis sera une défaite magistrale avant même que la moindre pierre de ton édifice ne soit posée.
Si tu es bien accompagné, tu seras fort. Bâtir l'Avenir est une épreuve usante : avec qui préfèrerais-tu tenter cette aventure ? Pour qui ? Par qui ?"
Regardant la Statue, l'Impératrice Padisha eut une moue dubitative.
"Il est bon que personne n'entretienne ce lieu. Son état actuel me rappelle le temps passé depuis leur départ et me permet de mesurer le peu de chemin que cette Galaxie a parcouru depuis. Dans quelques temps, si la démocritisation du Conseil Galactique se réalisait, nous pourrons même mesurer le recul que nous aurons entamé. Recul qui nous mènera vers l'Age barbare du Sénat, la corruption de ses membres et le cumul des mandats de Mablane.
D'ailleurs, la Question est là, Grabeuh : seras-tu celui qui enterrera définitivement l'Héritage des Reds Tantras ?"
Wensi posa sa main sur le front du Protoss, agenouillé.
troisième partie de Grabeuh +10 RD
Quelques jours plus tard, Grabeuh revint. Il avait réfléchi aux paroles de Wensicia, mais aimait quand même continuer ses visites dans l'ancien temple tantrique suprème.
Le Palais des Plaisirs, ce lieu si magique, virait de jour en jour à la ruine. C'était pourtant un magnifique batiment. Le devant était pourvu de colonnades sculptées, chacune avec un des Red Tantras. Chaque colonne avait été sculptée dans un monolithe massif par le peuple dont la colonne représentait le dirigeant. Ainsi, les Protoss en avaient sculptée une, les Angelikans aussi, les pirates libertaliens quant à eux l'avaient fait faire à leurs prisonniers de guerre. Ceci donnait un air assez hétéroclite à cette entrée, chaque sculpture était faite d'une manière différente. Mais c'était aussi cette diversité de styles qui rendait ce lieu aussi beau et aussi magique.
Le couloir principal menait à une immense salle qui commençait à être remplie de végétation sauvage. Les murs étaients couverts de plantes grimpantes et laissaient deviner une couleur rouge sur les murs. Une grande fontaine au centre de la pièce, représentant Janus d'un côté, Jana de l'autre, dominait le lieu principal de prières. La négligeance du peuple d'Origine avait fini par venir à bout du marbre de cette dernière et l'eau commençait à couler un peu sur le sol, faisait par endroit de petits flaques qui se couvraient vite de mousse. L'humidité de la pièce, chauffée par une immense verrière sur le toit, rendait l'atmosphère étouffante. Autrefois, la ventilation et le système d'assainissement de l'air permettait d'éviter ce genre de problèmes. Mais la machinerie avait été depuis longtemps été envahie par les herbes folles et ne fonctionnait plus.
La grande salle donnait sur deux ailes. D'un côté, on se dirigeait vers la chapelle de la Dernière Orgie, de l'autre, on pouvait voir un long couloir donnant sur les chambres des trantristes. Le plafond s'était écroulé par endroit, de gros blocs de pierre calcaire étaient entassés au sol, bloquant parfois le passage, mais les portes de correspondance entre les chambres permettaient de continuer l'avancée. On voyait parfois un lit encore en état de recevoir des ébats. Grabeuh se demandait comment on pouvait laisser un tel endroit à l'abandon. Dire qu'avant, tout était si animé, si vivant, il y avait de l'agitation, du mouvement en permanence. Les architectes sans cesse occupés à agrandir le batiment, les peintres allant et venant, partant pour n'importe quelle direction dans la galaxie pendant Red Galaxy, la garde rouge faisant ses rondes. Et maintenant, à part les oiseaux venus nidifier dans ce lieu calme, personne.
Comment si peu de temps pouvait avoir fait autant de dégats sur un batiment aussi important ? Etait l'oubli d'Origine qui accélérait sa destruction ? Est-ce que le palais se détruisait de lui-même pour punir les hommes de l'avoir laissé dans un tel état ? Personne n'aurait pu le dire, mais toujours est-il que les dégats étaient colossaux. Pas une pièce n'était intacte. Enfin, si, une seule semblait être épargnée par le temps et la nature, la chambre de Grabeuh, qui y revenait souvent, pour se rappeller du bon vieux temps. Il la nettoyait tous les jours, la décorait comme au bon vieux temps, et se débrouillait pour faire de cette simple pièce la mémoire de la grandeur d'un palais entier. Cette petite pièce était devenue au fil des visites du protoss un véritable sanctuaire dédié à la grandeur du culte pour lequel il aurait été prêt à donner sa vie.
On y retrouvait toutes sortes d'objets plus ou moins en rapports, du pot de peinture rouge au String en passant par les archives du procès de Méline, une écharpe aussi blanche que la plume dont elle était surmonté, une autre plume, enflammée celle-là, enfermée sous une cloche pour la protéger du vent et l'empécher de s'éteindre, quelques pièces d'une armure féminine ayant appartenu sans doutes à une fédéralissime, une enveloppe marquée "premier milliard de leems d'Origine" une carte de credit estampillée Caïman Holding, un chapeau de prêtre et la soutane qui allait avec, un imper' de détective ainsi qu'une boite de Ronron, des photos de la Red Tantra pendant de grandes fêtes, un casque d'hopplite et des effets personnels ayant appartenu à sa tendre, une batte recouverte d'impacts de coups, un portrait gigantesque de Natalie, une cape de vampire que Bella Lugosi n'aurait pas renié et finalement, un petit médaillon contenant deux mèches de cheveux différentes, mais réunies pour l'éternité : l'une de Mata Hari, l'autre d'Al-Kashi.
Tout était rangé, enfin, plutôt mis en foutoir monstre, en honneur aux archives de la grande salle de réunion stratégique, cette mythique pièce ayant accueilli de longues nuits durant toutes sortes de disctutions aussi bien inutiles que primordiales pour la galaxie entière.
La folie de vouloir garder ce lieu hors du temps laissait souvent place à une certaine nostalgie. C'était un temps où l'on se souciait peu du lendemain, on savait qu'il arriverait quelque chose, mais ça ne pouvait toujours être que facteur de nouveaux plaisirs. Un certain manque aussi ressortait. Ces grandes figures de l'histoire avaient toutes marqué de manière définitive Origine, et chacun servait encore un peu de guide à Grabeuh. Il se comparait encore à eux et puisait dans ces comparaisons ce qui désormais faisait sa force et son envie de mordre la vie à pleines dents.
Galactor, Macastril, Général Straken et enfin Grabeuh. C'était eux les derniers membres de l'Empire encore en vie. Combien de temps allaient-ils encore rester ? Combien de temps après leur mort se souviendrait on encore de tout ça ? Allait-on s'en souvenir ? Toutes ces questions pouvaient se résumer en une seule : combien de temps ce palais resterait-il encore debout avant de s'écrouler sous le poids de la poussière et de l'oubli ?