Des cendres des protectorats

De Apocalypsis
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Hanabi ouvrit les yeux, un poids énorme lui pesait sur le dos, la plaquant au sol couvert de gravats. Une douleur insoutenable lui vrillait les tempes. Tandis que sa vue se faisait moins trouble, elle crut dans un premier temps qu'elle était entourée d'une épaisse couverture noire et soyeuse. Elle secoua la tête, espèrent chasser le trouble, mais elle ne réussit qu'à accentuer sa douleur. L'enfant reposa son front contre le sol frais durant quelques minutes afin que le malaise qui la submergeait se dissipe. Son souffle soulevait des particules de poussière de plastacier à chaque expiration, manquant de la faire éternuer, mais elle se retint, sachant pertinemment qu'un éternuement en appellerait un autre et ainsi de suite. Elle serra les dents et releva la tête et s'aperçut que la couverture si douce était en fait des ailes, immenses, trop disproportionnées pour appartenir à un quelconque oiseau. Des ailes noires qu'elle avait déjà vu, mais là, elles étaient si ... inertes. Hanabi tenta enfin de se débarrasser du poids qui lui pesait tant. Que lui était il arrivé ? Elle se souvenait de sa mère, la diplomate Hinata qui lui avait demandé d'accompagner son tuteur, le Seigneur Général Folken, puis tout s'était mis à trembler... Jusqu'aux fondations même de cette base d'opération si éloignée de la capitale des Protectorats. Elle se rappelait de ce choc qui l'avait précipitée au sol puis l'obscurité l'avait envahie. Prenant appui sur ses mains elle essaya de soulever la masse inerte mais rien n'y fit. Elle changea alors de tactique, tentant de se traîner, de ramper. Grand mal lui en fit, une souffrance déchirante lui remonta au travers de tous les nerfs de la jambe droite. Serrant les dents pour tenter de résister, elle fut submergée et perdit à nouveau conscience.


Aux frontières de l'inconscience, elle fut envahie par la douce obscurité, si chaleureuse qui lui tendait les bras, elle se sentait si faible, comme les jeunes chatons que ses parents lui avaient offert, il y avait si longtemps. Mais où étaient ils ? L'avaient ils abandonnée ? Et son frère ?

Hanabi rouvrit les yeux, depuis combien de temps dormait elle ? Son premier réflexe fut de jeter un coup un coup d'oeil à son chrono, elle grogna un juron en voyant le verre brisé, apparemment il ne lui serait plus d'aucune utilité. Elle tenta à nouveau de se traîner au sol, la douleur l'envahit à nouveau mais elle s'y attendait cette fois, et lutta de toutes ses forces pour la repousser, elle parvint à s'extraire avant de s'évanouir à nouveau. Combattre cette souffrance lui avait coûté des efforts inimaginables. La fille prodigue du couple Baughlir s'effondra encore dans la poussière.

La jeune fille ouvrit les yeux et parvint à s'asseoir sur son séant. La douleur fusa à nouveau de sa jambe mais elle l'ignora, bouche béante devant l'horrible spectacle qui s'offrait à elle. Les, jadis, glorieux bunkers de cet avant poste s'étaient effondrés sur eux même, comme broyés par un souffle immense. Ici et là, des membres humains se mêlaient aux décombres.

  • Comment ai je survécu à pareil cataclysme ?*se demanda Hanabi.

Elle eut la réponse à sa question en posant les yeux sur les ailes en lambeaux de son tuteur, sur son dos criblé de mortels éclats de plastacier. Ce choc si soudain qui l'avait précipitée à terre, c'était donc Folken Fanel qui l'avait sauvée. Des larmes coulèrent sur ses joues couvertes de crasse. Elle tendit la main pour toucher la larme stylisée sur la joue de son sauveur mais retira vivement sa main, apeurée par le froid glacial qui émanait de sa peau. C'était donc cela la mort. Son regard vola alors vers sa jambe, son tibia avait doublé de volume, et une tache de sang maculait son pantalon, jadis d'un blanc parfait.

Elle décida de faire un premier bilan. Son mal de crâne lui oppressait les tempes, sa jambe la faisait souffrir, elle saignait d'un nombre incalculable de menues coupures, elle avait la gorge sèche, irritée par la poussière en suspension. Assoiffée et affamée, la gamine se fit une raison, elle n'allait pas pouvoir se traîner en rampant parmi les décombres. Elle s'allongea, résolue à mourir, ici, loin de sa famille, de ses amis, aux côtés de l'homme qui avait fait un rempart de sa vie pour protéger la sienne. Enfiévrée, elle sombra dans un sommeil semi conscient.

"Je vais mourir ici, je suis désolée Maman, Papa, Mordos, Folken... J'ai échoué, j'abandonne."

Une voix semblant venir de partout et de nulle part répondit à son monologue.

"Tu abandonnes bien vite fillette, pourtant au vu du sang qui coule dans tes veines, je suis surpris, déçu même."

Hanabi se rassit et regarda autour d'elle dans le vain espoir de repérer la source de cette voix moqueuse.

"Qui est là ? Montrez vous, je suis armée."

Elle exhiba le poignard que sa mère lui avait offert, le tout en tentant de prendre un air aussi menaçant que possible.

"Mais je suis là, gamine, tout autour de toi..."

Il semblait que toute l'ombre de la pièce se condensait en un seul et même point. Point qui s'étendit pour devenir une silhouette encapuchonnée. Hanabi secoua la tête, croyant rêver.

"Non, je suis désolé, tu ne rêves pas. J'existe réellement, je suis vexé, ta mère ne t'a t'elle pas parler de moi ? Durant sa jeunesse, je lui apparus, mais elle me repoussa, rejetant mon influence qu'elle disait néfaste. Toi, je sais que tu feras le bon choix." "- Mais de quel choix parlez vous ?" "- De celui que je te propose, la vie ou la mort. Alors que choisis tu ?" "- A votre avis ? La vie bien sur. Mais tout dépend de vos conditions." "- Je vois que tu as hérité de sa vivacité d'esprit. Je suis l'Ombre, mes envoyés en ce plan sont nommés les Seigneurs de l'Ombre. Je veux que tu me serves." "- Vous servir ? Seigneurs de l'Ombre ? Mais qu'est ce que ce charabia ésotérique ?" "- Hum, tu as aussi son mauvais caractère... Je vais essayer de faire appel aux gènes de ton père, ce joyeux marchand, je te propose donc un marché. Permet à l'Ombre de toujours exister, et cela par le maintien des forces galactiques, l'Ombre n'existant pas sans lumière, ni sans obscurité, nous devons survivre ainsi, toujours sur le fil du rasoir. Je te propose de devenir ma Main Gauche, l'instrument de ma volonté, je te fournirai pouvoir, aide, et plus que tout la possibilité de sortir d'ici."

La fièvre commençait à ronger la volonté d'acier de l'enfant. Au travers des brumes, elle se rappela ce que sa mère lui avait appris, elle décida de provoquer l'amas sombre.

"Et en quoi une ombre pourrait m'aider ? Qu'est ce qui me dit que c'est pas une illusion imposée à mon esprit par la faim !"

L'Ombre répondit avec une patience presque paternelle.

"Mon enfant, tu n'es pas en mesure de me provoquer... Je peux très bien te quitter sur le champ. Mais je ne le ferai pas, tu as compris, décidément, tu lui ressembles énormément. Tu sais que j'ai besoin de toi, du tempérament que ton sang charrie mais tu ne sais pas encore à quel point tu m'es précieuse. Tu doutes de ma puissance et c'est légitime. Relève donc ton pantalon."

A contrecoeur la fillette s'exécuta, découvrant une atroce fracture ouverte, sale, présentant un départ d'infection. L'Ombre étendit ses doigts éthérés et sa main traversa la chair de l'enfant qui gémit à ce contact chaleureux et salvateur. La chose retira son appendice et avec la douleur s'en fut et la plaie de referma sans autre trace qu'une marque violacée. La sombre silhouette fit de même avec chacune des plaies d'Hanabi finissant son ouvrage en chassant la douleur crânienne. D'une poigne d'acier il releva la gamine qui allait devenir l'outil de sa colère.

"Nous allons nous entendre." *Affirma t'il.* "-Oui, je vous servirai afin de maintenir l'équilibre."

L'avatar d'ombre indiqua un rocher au fond de la salle.

"La sortie est là bas, derrière ce roc, les survivants se sont rassemblés. Mène les recapés des Protectorats, renforce toi et deviens l'outil de ma volonté."

L'ombre se dissipa comme si elle n'avait jamais existée. Cependant une voix rassurante résonna dans un recoin de la tête d'Hanabi.

"Je suis là, je te guiderai."

La lumière aveugla l'héritière des Protectorats alors qu'elle se glissait hors de la fissure qui lui avait permis ce qui, quelques minutes lui semblait être son tombeau. Des gens, blessés pour la plupart s'affairaient là, comme une véritable fourmilière. Elle en reconnu un. Un jeune homme, le cheveu noir de jais. Son flanc battu par l'épée des héritiers du trône de Fanélia. Van Fanel était son nom, le frère cadet de Folken qui dormait à présent de son dernier sommeil, en héros. Lorsqu'il l'aperçut, il se précipita vers elle, le visage rayonnant.

"Votre altesse, êtes vous blessée ?" "- Je vais bien Van, grâce au sacrifice de votre frère... Je suis désolée." "- Ne le soyez pas, il est mort heureux, en accomplissant son devoir. J'ai réuni les derniers survivants, nous sommes si peu nombreux." "- Mes parents ? Mon frère ?"

Le visage de Van se ferma, secouant la tête.

"Tous les personnes survivantes sont réunies ici, ils ont besoin de vous, prenez des décisions, nous ne devons pas nous laisser aller."

Les larmes coulèrent à nouveau sur les joues d'Hanabi, mais il avait raison, elle devait les guider.

"Etablissez la connexion avec les autres planètes des Protectorats. Et dit moi ce qu'il s'est passé !" "- Toutes les liaisons sont coupées, les planètes sont retournées à un état autarcique. Apparemment l'Organisation Renégate a eue maille à partir avec des adversaires et a recouru à une hyper atomisation massive, tous les systèmes sont dans le même état. Nous sommes sans nouvelle de nos alliés Bouh, Blutch, Léto Atréides... Ils seraient tous morts. Les Héritiers. C'est ainsi que se nomment ceux qui ont remplacé l'O.R. et qui ont été la cause de la folie atomique de celle ci." "- Des centaines de mondes étaient inféodés aux Protectorats ! Toutes sont perdues ? Par la Sainte Trinité, ces héritiers paieront au centuple. J'en fais le serment. ils ont remplacé l'O.R. ? Parfait, nous allons reprendre le flambeau de mon père, rassemblez tout ce que nous possédons, nous allons ler ruiner, petit à petit." "- Bien, votre Altesse."

Le Roi de Fanélia la Défunte, courut rassembler ce qu'il restait des forces des Protectorats. Laissant Hanabi seule avec cette voix.

"Parfait, rejoins la capitale à présent. Siège à l'Assemblée Galactique comme tes parents l'ont fait. Prend contact avec le Seigneur Grimaldus, mon émissaire. Il te présentera à la Sombre Assemblée. Là bas tu auras une mission à accomplir. Tu devras faire un exemple : me débarrasser d'un Seigneur qui m'a déçu."

Hanabi répondit par l’affirmative, une sombre lueur dansant dans son regard. Le sang du félon allait couler. Pour la plus grande Gloire de l'Ombre.