Alea jacta est.

De Apocalypsis
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Alea jacta est (total des points : 45), appelé aussi la "Blague", est un surprenant discours de Mablane. Il fit beaucoup de bruit parmi les Tantras eux-mêmes, et manqua de terroriser certains résistants...


Un homme apparut à l’Assemblée. Il était méconnaissable. D’énormes cernes dissimulaient ses yeux, ses rides étaient plus creusées que jamais, ses lèvres grimaçantes de tristesse. C’était un Mablane dépité que l’on aperçevait. Derrière lui, grand, âgé et quelque peu anxieux, se tenait un général en chef, son général en chef, qui n’était jamais venu en ces lieux intimidants. Soucieux de l’état de son président, le vieux militaire tenta :

- Monsieur Mablane, vous êtes sûr que…

- Merde.

- Mais enfin… Vous…

- Merde !

Il n’insista pas. Son supérieur était bel et bien décidé à parler, à se révéler face à la galaxie. A son grand étonnement, Mablane marchait d’un pas déterminé. Il ne ralentit même pas pour traverser la grande salle et atteindre le pupitre. Au moment même où il ouvrit la bouche face au micro, le général demanda une dernière fois :

- Vous être vraiment sûr que…

- J’ai dit MERDE ! Merde, c’est merde ! Tu comprends, ça ?

- Hum… Voui…Hum, hum.

L’assemblée sursauta vivement lorsqu’elle entendit le fragment de conversation inaudible, suivit d’un énorme "Merde !", si inhabituel dans la bouche de Mablane… C’est tout de même avec une profonde attention et stupeur qu’elle écouta le discours de ce commandant.

"Galactiennes, galactiens…

Si je parle aujourd’hui, c’est pour vous avouer quelque chose de terrible. J’ai longtemps réfléchi, mais je me suis résolu à me rende à l’évidence, à voir la Vérité.

Mon peuple souffre. Mes planètes tombent. Le sang coule. Des Hommes meurent.

Je n’ai plus rien. RIEN ! Plus un leem, plus un soutien, plus une terre. Je n’ai même plus d’âme. Je ne vis que pour me battre inutilement. Je vis dans la peur et dans le tourment…

Ca ne peut plus continuer ainsi.

J’ai donc décidé de me résoudre, de me soumettre. Je réclame la clémence de l’Empire. Oui, vous entendez bien.

Je réclame la clémence de l’Empire.

Je suis prêt à devenir son serviteur. Je veux me convertir au tantrisme. Je veux prendre le rouge, le répandre et le choyer. Je veux prier notre déesse. Je veux être citoyen de l’Empire."

Mablane, doucement, se mit à genoux. Alors, il cria, d’un voix éperdue :

Je veux être citoyen de l’Empire !

Par pitié, permettez-le-moi !

Je veux être citoyen de l’Empire !"

Puis il se tut, pour faire place à un long silence. Un de ces lourds silences insoutenables, qui entrent au fond des cœurs, des âmes et des esprits. Mais il fut rompu par un bruit étrange. Une suite de spasmes, de soubresauts. Mablane pleurait, oui, il pleurait.


Peu à peu, alors que les commandants commencaient à réagir, ce sanglot se transforma en rire. En un véritable rire, qui ne tarda pas à devenir fou. Mablane se releva péniblement, alors qu’il riait toujours aux éclats. Soudain, il prononça avec une énorme voix et un entrain extraordinaire :

"Nan... Allez… Franchement…

Allez... Si...Vraiment..

VOUS M’AVEZ CRU ???

MWHAHAHAHAHA !!!!!

Si, si, avoue, Chiana..."

Son euphorie emplit la salle entière avec un élan de force inégalable. Elle réussit même à se communiquer à certains commandants, qui entrèrent eux aussi dans une allégresse envahissante. Mablane se reprit au bout de quelques instants de grande gaieté, et s’exclama :

"Ah çà, le moment où j’abandonnerai mes idéaux par les armes n’existera pas d’sitôt… En fait, il n’existera jamais. Vous m’entendez ?

JAMAIS !

La seule et unique chose qui pourrait avoir raison de mon âme est la Mort. Il n’y a qu’elle. Absolument qu’elle. Celui qui veut me corrompre aura perdu d’avance. Gare à ceux qui ne le savait point encore…"

Il fit une courte pause. Il avait retrouvé tout son sérieux, et l’Assemblée aussi, d’ailleurs… Calmement, délicatement, il caressa le bord sculpté du pupitre de bois, puis reprit, le regard fixe :

"Je n’ai plus grand chose, c’est vrai. Je ne suis pauvre. Très pauvre… L’Empire m’aurait sans doute doté d’une immense fortune ! Mais qu’importe. Cette fortune n’a aucune valeur à mes yeux. La seule richesse que je connais est celle du cœur. C’est elle que je recherche depuis toujours, en moi et… en vous, commandants de la galaxie.

D’ailleurs, j’ai remarqué que cette richesse devenait de plus en plus rare, ces temps-ci… Le cœur s’est effacé au profit du pouvoir du leem, de la diplomatie et des armes. Surtout des armes… Le sang de la guerre empourpre l’eau de la paix…

Pourtant, malgré tous les obstacles, je ne délaisserai jamais les idéaux qui sont les miens. Je combattrai jusqu’à la mort, s’il le faut, mais je ne les abandonnera pas. Certes, c’est vrai, je risque ma vie et celle de mon peuple chaque jour, à cause de mes opinions !

Mais je préfère mourir que vivre dans la peur et l’oppression ! Je préfère vivre mal et libre, que vivre bien et emprisonné par des valeurs que je n’accepterai jamais ! Je préfère combattre pour la paix, que me reposer pour la guerre.

Je fuirai, si j’y suis contraint, au bout de la galaxie. Je me cacherai aussi longtemps que je pourrai. Je ferai tout pour m’échapper des mains des corrompus.

Mais je m’exprimerai toujours ici même, à l’Assemblée, pour faire valoir mes idéaux et ceux de mes innombrables camarades tourmentés."

Mablane s’arrêta, et descendit lentement de l’estrade. Son général le suivit, sans se poser de question, et quitta la salle en premier.


Alors qu’il tapotait machinalement le bois séculaire de la porte principale, avant de sortir, Mablane se retourna vivement. Il traversa l’hémicycle rapidement, non sans avoir fais un grand sourire malicieux à Tyrian, et sauta sur l’estrade. Lorsqu’il saisit le micro, il prononça promptement :

"Ah au fait ! J’ai oublié quelqu’chose.

Faut quand même que j’parle de Panunivers… Surtout dans la situation actuelle… En effet, je crains qu’elle ne change de politique… C’bête, hein ?

J’ai voulu créer une organisation pour le rétablissement de la paix et pour l’avenir de l’Empire et du peuple de la galaxie. J’ai laissé une chance au tantrisme de se perpétuer, en rendant la parole aux commandants, quelques soient leurs opinions. J’ai même proposé la création d’organismes spécifiques afin d’aider l’Empire à diriger convenablement et justement.

Malheureusement, je crains que ce ne fût plutôt inutile… Pour seule réponse, le peuple que je souhaitais mettre en valeur a reçu une énorme gifle. C’est sympa, quand même…

Cependant, les objectifs de Panunivers vont rester les mêmes. Je sais, je suis bon. (trop ?). A défaut du fond, c’est la forme qui va changer.

En effet, étant donné que les pro-empire sont déjà suffisamment représentés à l’Assemblée, j’ai décidé de me concentrer sur les anti-empire. Et ce pour le simple et juste rétablissement des "sièges". J’ai voulu rendre la parole au peuple, eh bien je respecte cet immuable but ! Je ne fais que mettre en valeur ceux qu’on ne voit plus assez…

Normal, non ?

Ainsi, les membres de Panunivers vont combattre. Bien sûr, ils ne vont pas prendre les armes ! Ce serait inutile ! Mais comme je l’ai déjà dit à un incorrigible "résistant", ils vont prendre les plumes. C’est certainement bien plus efficace.

J’ose espère que les impériaux vont comprendre cette initiative ! D’ailleurs, je ne remets en aucun cas notre neutralité en cause ! Non, non, non ! Panunivers est neutre ! Elle ne fais que rétablir la voix du peuple, je le répète ! Si la situation nous favorisait, je soutiendrais les autres ! Telle est la mission de Panunivers…

L’Empire n’a donc aucune raison de nous attaquer, comme elle n’en a jamais eu…

Oui, je sais, c'est beau de rêver..."

Cette fois-ci, Mablane sortit définitivement, avec un petit sourire satisfait aux lèvres. Ils espérait de tout son cœur que beaucoup de commandants allaient le rejoindre… Tous, absolument tous les résistants se devaient de venir à Panunivers, afin de coordonner leurs discours enfiévrés, autant qu’ils le pouvaient…

Une heure après, Mablane vint avec une pancarte. Sur celle-ci, il était écrit "VIVE LA RESISTANCE", avec les pots de peinture rouge offerts par Tyrian. Il lui fit un clin d'oeil, et sortit comme si de rien était.